Winds of Change at Obama’s Back

Edited by Laura Berlinsky-Schine

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En cette fin d’année 2009, le président Barack Obama, a donné un véritable cadeau de Noël aux Américains alors que le Sénat a finalement voté jeudi en faveur de son projet de réforme de l’assurance-maladie.

Au terme de près d’un siècle d’obstruction systématique et de débats intenses et souvent acrimonieux à l’échelle du pays, la Chambre haute a avalisé ce projet de refonte de l’assurance-santé qui devrait permettre à quelque 31 millions d’Américains laissés pour compte par le système de bénéficier d’une protection adéquate et abordable en matière de santé.

En conséquence, 94 % des Américains de moins de 65 ans devraient être couverts à la suite de cette réforme adoptée par le Sénat et dont le texte devra être fusionné à celui adopté par la Chambre des représentants en novembre dernier.

D’ici là, les Républicains continueront sans doute à en miner le processus, quoiqu’il serait surprenant qu’ils puissent faire dérailler le projet. On pourrait donc s’attendre à une promulgation présidentielle à la fin du mois de janvier, probablement avant le discours sur l’état de l’Union.

Ce vote décisif du Sénat américain est sans l’ombre d’un doute l’un des plus significatifs à survenir aux États-Unis depuis plus de 40 ans. Rappelons qu’en 1965, le gouvernement avait statué que l’État prendrait à sa charge l’assurance-santé pour les personnes âgées.

L’adoption de cette refonte de la santé chez nos voisins du sud constituera en soi une petite révolution. En ce sens, le président Barack Obama écrira à nouveau l’histoire après avoir réussi à surmonter les nombreux obstacles dressés sur sa route dans sa croisade visant à permettre au plus grand nombre possible de ses concitoyens d’avoir voix au chapitre.

Obama avait fait de la réforme de la santé sa priorité en matière de dossiers nationaux. Et il semble en voie de relever le défi, un rêve que caressent d’ailleurs les Démocrates depuis près d’un siècle.

Depuis 1912, année au cours de laquelle Ted Roosevelt a envisagé de s’attaquer à une réforme de la santé, pas moins de sept présidents se sont cassé les dents en tentant d’améliorer l’accessibilité à l’assurance-santé.

Dans tous les cas, ils se sont butés à des groupes d’influence à la solde des puissantes compagnies d’assurance. Et les Républicains ont toujours tenté de minimiser l’interventionnisme de l’État, particulièrement dans le secteur de la santé.

Il peut nous sembler étrange en tant que Canadiens, habitués à composer avec un système d’assurance-maladie universel depuis près d’un demi-siècle, de réaliser que la plus grande puissance du monde ne dispose pas encore d’un système d’assurance-santé respectable. Cela illustre à quel point le secteur privé exerce une influence déterminante sur les décisions politiques aux États-Unis.

Quoi qu’il en soit, ce projet de réforme est loin d’être parfait. Toutes proportions gardées, les États-Unis injectent déjà en santé beaucoup plus d’argent que la moyenne des pays industrialisés avec des résultats qui sont loin d’être convaincants.

Le système encourage notamment la multiplication des prescriptions et la surconsommation de médicaments. Et rien ne laisse présager que la tendance sera renversée.

Et à l’instar de nombreux pays riches, la population des États-Unis vieillit. Les besoins en matière de santé devraient donc augmenter proportionnellement pour suivre cette courbe démographique.

En conséquence, et tenant compte de l’ajout des nouveaux bénéficiaires, l’élargissement de la couverture de santé devrait entraîner des coûts additionnels de 900 milliards $ pour le Trésor américain au cours des dix prochaines années. Ces montants devraient normalement être absorbés par des hausses d’impôts et des compressions budgétaires. Mais seul l’avenir dira si cette prévision s’avérera exacte. Malgré tout, à la faveur de l’irréversible vent de changement qui souffle sur l’Amérique d’Obama, la promulgation de cette réforme de l’assurance-santé semble incontournable.

Et dans quelques années, il sera toujours temps de l’amender pour en corriger les imperfections.

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