Failed Attack: The Endless Race

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Une course sans fin. Un miroir aux alouettes dont les reflets mouvants camouflent plus la réalité qu’ils ne la découvrent. La tentative d’attentat, le jour de Noël, dans un avion à destination des Etats-Unis donne à la fois le désagréable sentiment d’une répétition et (déjà) la sensation bien plus inconfortable encore d’un éternel recommencement. Les passages aux contrôles de sécurité des aéroports ; ces inspections de plus en plus tatillonnes qu’ont à subir les Américains comme les passagers du monde entier ; les listes interminables de suspects potentiels (sur lesquels figurait bien le nom du jeune Nigérian Abdulmutallab) ; les millions d’empreintes digitales recueillies par les services de sécurité américains…

Tout cela n’y pourra rien. Même la collaboration du propre père du jeune « djihadiste » n’a pas été suffisante. Après s’être nichée dans un simple cutter, dans les ceintures, dans les semelles des chaussures ou dans les tubes de pâte dentifrice, « l’inventivité » des candidats au terrorisme semble pouvoir toujours bénéficier d’un coup d’avance. Mais à ce sentiment correspond surtout son double sur le grand théâtre des relations géopolitiques. En annonçant, après des mois d’hésitation, l’envoi de dizaines de milliers de renforts américains en Afghanistan, Barack Obama en donnait une indication parfaitement transparente. Le décalage sautait aux yeux : il s’agissait de justifier le renforcement d’un combat, vieux de huit ans déjà, contre les « ennemis de l’Amérique » nichés dans les montagnes afghanes. Mais c’est le Pakistan qui apparaissait de manière bien plus centrale dans le discours du président.

Et, au-delà, c’étaient d’autres pays qui pointaient encore : la Somalie, en état de décomposition profonde, ainsi que le Yémen, cette nouvelle base arrière d’Al-Qaïda dans laquelle le jeune prétendant à la guerre sainte semble avoir acquis son matériel explosif ainsi que les instructions visant à l’utiliser. Dans son discours, le futur récipiendaire du prix Nobel de la paix n’avait fait preuve d’aucun angélisme et laissait presque paraître le côté absurde de cette inévitable course en avant. Il s’en est fallu d’un cheveu, sur le vol 253 de Delta Airlines, pour que soit rappelé aussi son caractère hautement tragique.

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