Afghanistan for the Long Haul

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Assimiler la guerre en Afghanistan à un nouveau Vietnam est abusif si l’on s’en tient au nombre de victimes dans le rang des troupes occidentales. Plus de 1 500 hommes sont tombés sur les contreforts de l’Hindu Kuch quand 58 000 soldats américains ont péri dans les rizières de l’Asie du Sud-Est.

Pourtant, on se demande bien comment Barack Obama et ses alliés vont pouvoir se sortir de ce conflit qui, chaque jour, apporte son lot d’informations alarmantes. Depuis 2001, date du début de l’offensive – neuf ans déjà ! -, on ne cesse de répéter que la solution ne peut être que politique. Certes, mais avec qui négocier ? L’Afghanistan n’est pas l’Irak, il n’y existe pas de culture d’État. Certains affirment même que ce n’est pas un pays au sens commun du mot. Faire la différence entre les « bons » et les « mauvais » talibans paraît difficile à imposer quand la sélection provient d’une force étrangère vue comme un indésirable occupant. Compter sur le gouvernement d’Hamid Karzaï, corrompu et de faible autorité, est aussi impossible.

Dans ce contexte, la conférence internationale sur l’Afghanistan convoquée le 28 janvier à Londres ne pourra pas éviter la solution militaire. Barack Obama, qui a annoncé l’envoi de 30 000 Américains supplémentaires, exigera des renforts des autres pays de la coalition. Environ 10 000 soldats. Ce qui fera passer de 120 000 à 150 000 les effectifs engagés contre les talibans. Un sacrifice que les opinions publiques, notamment en France, comprennent de moins en moins. Le but de guerre – la lutte contre le terrorisme islamiste – apparaît vain puisque les attentats, ou tentatives, continuent. Leurs auteurs se recrutent partout dans le monde. En plus de l’Afghanistan, devrons-nous demain intervenir au Yémen ?

Le président américain ne trouvera pas seul une issue honorable, là d’où les Britanniques et les Soviétiques sont repartis jadis la tête basse. Il faut l’aider. Les Européens ne peuvent s’en désintéresser, car il en va de l’équilibre international. Mais comment ? La stratégie de la guerre contre-insurrectionnelle au sol, privilégiée par la Maison-Blanche et qui a succédé à celle des bombardements aériens, doit encore faire ses preuves. Personne n’ose l’avouer, mais sans doute nécessite-t-elle beaucoup plus d’hommes encore. En tout cas, la date du début du retrait fixée par Obama – 2011 – semble illusoire. Sauf à renoncer.

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