A New Low for High Finance

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Nouvelles dérives de la finance

On sait comment la finance internationale a plongé le monde dans la crise, pour avoir créé de fausses valeurs n’ayant qu’un lointain rapport avec les actifs réels, pudiquement appelés « sous-jacents ». Quelques exemples récents montrent qu’elle pose maintenant des problèmes, à travers sa logique particulière, au corps même des lois civiles et fiscales de ses pays d’accueil.

Un ancien employé d’UBS avait dénoncé au fisc américain 19.000 clients titulaires de 13 milliards d’euros de comptes secrets ouverts dans sa banque. Il touchera à ce titre une récompense qui le mettra à l’abri du besoin. Mais comme il avait « oublié » dans sa liste l’un de ses principaux clients, il est condamné par un juge suisse pour complicité de fraude. Les autorités helvétiques, en somme, n’auraient rien eu à redire s’il avait continué à couvrir le secret de tous, « as usual », mais le condamnent pour en avoir oublié un. Le Trésor américain le récompense pour avoir dénoncé tous les autres.

Un autre employé d’HSBC, toujours en Suisse, a communiqué au fisc français une autre liste de comptes secrets. Les autorités locales accusent le gouvernement français de recel, et ont entamé contre lui un bras de fer sur les grands principes. Dans une formule heureuse, Eric Woerth résume quant à lui la situation par la question : « Qui vole qui ? ». De ces deux incidents résulte une constatation : au point de constance où en est venue la dissimulation bancaire, on ne peut plus compter que sur des délits exceptionnels pour débusquer la délinquance ordinaire. Et par une étrange dérive de sens, la finance accuse les Etats de violer sa loi parce qu’ils veulent faire respecter les leurs.

Forte de ses positions, la finance semble dessiner un nouveau front qui conteste la politique législative des Etats. Goldman Sachs et JP Morgan menacent de quitter la City si Gordon Brown ne revient pas sur sa taxation des bonus. Après la nocivité économique et la nuisance fiscale, ce milieu s’essaye ouvertement à la pollution politique… Dans cet autre combat, la position de Washington sera naturellement déterminante. La balle est, encore une fois, dans le camp d’Obama.

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