Obama Loses His Supermajority

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Barack Obama, toujours élégant, a déjà félicité le vainqueur. Le président a appelé mardi soir encore le républicain Scott Brown, qui a remporté le siège de sénateur du Massachusetts, avec quelques 52% des votes, selon les résultats provisoires. Le beau gosse républicain, qui faisait campagne en pickup comme un bon gars proche des gens, l’a emporté sur l’ancienne procureur démocrate, Martha Coakley, qui se croyait pourtant bien sûre de sa victoire, au pays des Kennedy.

Tout le fair-play de Barack Obama ne pourra occulter le fait qu’il encaisse là une défaite cuisante, le jour même de son premier anniversaire à la Maison Blanche. En cédant le siège de Ted Kennedy (la partielle de ce mardi visait à remplacer le sénateur décédé en août), les démocrates viennent en effet de perdre leur “super-majorité” de 60 voix au Sénat, nécessaire pour surmonter les manoeuvres d’obstruction de l’opposition. Pour un premier déluge de commentaires, voir Politico.

Vu ce que les démocrates ont fait de cette majorité durant la première année (les textes de loi sur le climat ou la régulation financière étaient déjà en souffrance depuis des mois au Sénat et le projet de réforme de l’assurance santé n’a été voté qu’in extremis, le 24 décembre, au prix de nombreux compromis le déformant), ce n’est pas forcément une grande perte, pourra-t-on dire. Il n’empêche, la Maison Blanche voulait justement en finir ces jours-ci avec la réforme de la santé, en faisant passer au Sénat une version finale réconciliée avec la loi votée à la chambre des Représentants. Tout ce scénario est maintenant remis en question.

Pour en finir avec la réforme de l’assurance maladie, comme Barack Obama a dit vouloir le faire, et vite, on envisage maintenant à Washington de demander aux Représentants de voter le texte déjà adopté par le Sénat… Ce qui serait une nouvelle couleuvre à avaler pour les Représentants démocrates. D’autant que le vote du Massachusetts peut se lire comme un rejet de cette réforme de la santé au forceps, défigurée à force de compromis et manoeuvres durant toute l’année écoulée au congrès. Dans les sondages nationaux, une majorité d’Américains se disent maintenant hostiles à la réforme de la santé telle qu’elle est actuellement en rade au congrès. Pour le premier anniversaire de son installation à la Maison Blanche, Barack Obama se retrouve devant un choix stratégique: continuer pour passer en force… ou laisser tomber, comme Bill Clinton l’avait fait avant lui.

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