How Does Obama Stack Up One Year Later?

Edited by Harley Jackson

<--

La victoire surprise d’un républicain dans le fief démocrate du Massachusetts, prive Obama de la majorité sur laquelle il comptait au Sénat pour faire passer un texte sur la santé, déjà très édulcoré.

La victoire surprise du républicain Scott Brown, mardi, dans l’élection sénatoriale partielle du Massachusetts, constitue un coup terrible pour le Parti démocrate et risque de compromettre définitivement la réforme du système de santé de Barack Obama, déjà très mal engagée. Brown l’emporte avec 52% des voix contre 48% à sa rivale démocrate, Martha Coakley. Ce revers électoral est d’autant plus douloureux qu’il intervient dans le scrutin destiné à pourvoir le poste laissé vaquant par la mort d’Edward Kennedy, un fief historique du parti de l’âne qui le détenait depuis près de cinquante ans.

Outre le symbole, la perte de ce siège rend quasiment impossible le lancement de la réforme de la couverture maladie, chère au président Obama, car, après cette défaite, les démocrates ne disposeront plus de la majorité qualifiée des 60 sièges à la Chambre haute qui leur aurait permis d’empêcher les républicains de bloquer l’adoption du texte. Plus grave encore, Scott Brown, qui s’est clairement engagé à voter au Capitole contre la réforme, a mené l’essentiel de sa campagne sur son rejet.

Dans une élection fortement médiatisée ou le taux de participation s’est révélé relativement élevé, il semble ainsi avoir réussi à convaincre en s’appuyant sur la formidable offensive populiste et réactionnaire lancée depuis des semaines par le Parti républicain sur le thème de la mise en danger des libertés individuelles au cas ou l’État fédéral se mêlerait d’intervenir pour faciliter l’accès d’une couverture santé aux quelque 50 millions de citoyens qui en sont dépourvus aujourd’hui. Mais la force de cette campagne, qui a pu bénéficier aussi d’un atavisme culturel fondé sur la conception individualiste du « rêve américain », n’explique pas tout. Si les républicains ont pu faire le plein de leurs voix, les démocrates n’ont, de l’avis de tous les observateurs, pas réussi, eux, à mobiliser leur propre camp pour faire bloc autour de la réforme. Á cela, une raison simple : d’amendements en compromis, il ne reste déjà plus grand-chose du projet initial ambitieux qui se faisait fort d’offrir enfin une couverture santé à presque tout le monde.

Exit dans les derniers textes « l’option publique », qui aurait permis de créer une assurance gérée par l’État fédéral aux tarifs accessibles à tous. Concurrence déloyale, ont clamé les compagnies privées et leurs relais au sein du Congrès. Le texte a même été amendé sous la pression d’un sénateur démocrate contre l’avortement, pour interdire toute subvention publique à l’achat d’une assurance dont l’objectif pourrait être de financer une IVG… Ce type de compromissions et le caractère de plus en plus édulcoré du projet ont alimenté la déception. Ceux-là mêmes qui avaient soutenu Barack Obama en 2008 dans l’espoir d’un changement -ils furent nombreux alors à se rendre aux urnes alors qu’ils ne votaient plus depuis des lustres- ont renoué avec leurs « mauvaises habitudes ». Pis, ils ont été rejoints par des électeurs démocrates plus « réguliers », ulcérés par la dégradation accélérée de la situation sociale. Le chômage officiel a plus que doublé dans le pays en l’espace d’un an et demi (passant de 4,5% à plus de 10% de la population active).

La déconvenue est à l’aune de la détresse qui touche des millions de citoyens toujours plus précarisés. D’autant que les programmes engagés pour renflouer Wall Street se sont réalisés contre l’emploi. Le seul exemple de General Motors, nationalisée, de fait, par l’État fédéral pour lui éviter la faillite est particulièrement éloquent : la puissance publique a injecté des milliards dans l’entreprise sous condition de mise en œuvre d’un vaste plan de restructuration pour retrouver rapidement la rentabilité financière et de… nouveaux investisseurs privés. Á la clé, quelque 100 000 suppressions d’emplois…

About this publication