Obama’s First State of the Union

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Dans l’adversité, ces derniers jours, on lui conseillait d’en appeler à la science d’un Bill Clinton, un contorsionniste politique revenu de pires pétrins ; et voilà que Barack Obama, n’ en déplaise aux idéologues les plus farouches, ressemblait plus au Reagan des grandes heures au soir de son premier discours sur l’Etat de l’Union.

L’homme rappelait toujours le Obama des tribunes de campagne, un parler au rythme somptueux et aux inflexions attentionnées et professorales lorsqu’il évoquait, sans se hâter, ce qui avait eu lieu avant lui : Les victoires comme les heurts et malheurs de l’histoire américaine, de Omaha Beach au Mardi noir de 1929, la dernière récession, et les raisons, mauvaises et parfois bonnes, du passif budgétaire colossal dont il avait hérité dès son entrée en fonction : Deux guerres, deux coupes d’impôts républicaines,

Mais son propos s’est bientôt teinté d’optimisme, alors qu’il abordait le thème essentiel de l’économie, du chômage, des doutes populaires, du déclin possible mais aussi du probable grand retour de l’Amérique . « Pendant ce temps là, la Chine n’attend pas pour transformer son économie, L’Allemagne, l’Inde non plus. Ces nations ne restent pas immobiles ; ces nations ne jouent pas pour la deuxième place. Elles se focalisent plus sur les maths et les sciences, elles reconstruisent leurs infrastructures, font de sérieux investissement dans les énergies propres parce qu’ils veulent ces emplois…

Et bien je n’accepte pas la seconde place pour les Etats-Unis. Aussi difficile cela soit, aussi inconfortables et contentieux soient les débats, il est temps de s’atteler sérieusement à régler les problèmes qui endiguent notre croissance »

Si Obama entendait faire front à la vague populiste des « Tea Parties », ces mouvements de masse anti washington inspirés des insurrections contre la couronne britannique qui dépassent maintenant leurs premiers instigateurs républicains, cet appel à la défense économique nationale pouvait faire mouche. Une population déboussolée par la chute des « subprimes », par la généralisation d’un chômage structurel, de longue durée, hier apanage d’une frange marginale, et par l’apparente incapacité des pouvoirs publics à y remédier s’abandonne maintenant à la révolte tous azimuths, désespérée et dangereusement cynique.

Obama leur répond, puisant dans les expériences humaines, dramatiques et exemplaires, contenues dans les lettres d’Américains lambda reçues à la Maison Blanche.

Le Président comprend, mais il reconnaît, sinon s’être mal expliqué, au moins avoir échoué à convaincre ses concitoyens de la clarté de ses objectifs : une double sécurité inspirée de JFK et Roosevelt, tant face au dangers du monde qu’aux risques socio-économiques du capitalisme, devenus effrayants et invivables pour la « middle class » américaine. « Nous n’abandonnons pas. Je n’abandonne pas… »

Mais il ne se dépare pas de son credo rassembleur de la campagne de 2008 contre les arguties partisanes, piégeant les Républicains impassibles de l’hémicycle, en s’étonnant qu’ils n’applaudissent pas les baisses d’impôt offertes par son gouvernement.

Quant à l’Assurance santé, le projet de tous les dangers ébranlé par la perte d’une super majorité démocrate au Senat, il y revient, au bout des deux tiers de son discours, non sans aplomb et conviction : « si vous trouvez un meilleur moyen de baisser les primes et de couvrir 30 millions de non assurés, faites-le moi savoir… »

Combatif, Obama n’en était pas moins lucide : « je n’ai pas promis la paix et l’harmonie, ou une quelconque ère « post partisane ». Je regrette seulement que chaque jour soit, à Washington, un jour d’élection. »

Même la défense nationale, depuis 2001 objet d’Union sacrée, n’échappe plus aux divisions du Congrès, mais l’Irak, l’Afghanistan, le terrorisme, n’ont eu qu’une place réduite dans ce discours sur l’Etat de l’Union. Les dangers du monde importait moins ce soir que les périls intérieurs politiques qui assaillent une Présidence vieille à peine d’un an.

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