American Pressure

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Il s’agit de réactiver, en Algérie, un programme appliqué dans 150 pays à travers le monde.

Les Etats-Unis d’Amérique ne semblent pas s’encombrer des cris dénonciateurs des responsables algériens, même si les personnalités du département d’Etat se succèdent depuis l’établissement de la liste noire plaçant l’Algérie parmi les pays à haut risque sécuritaire. Le général- major Ronald R. Ladnier, chef des forces aériennes de l’Africom (Commandement militaire des Etats-Unis d’Amérique pour l’Afrique), a entamé, le 26 janvier dernier, une visite de trois jours en Algérie. Il a été suivi, quelques jours plus tard, par la sous-secrétaire adjointe américaine chargée des Affaires du Proche-Orient au département d’Etat, Janet Sanderson. Et jeudi dernier, c’est la coordinatrice des programmes au Bureau américain de la coordination pour la lutte contre le terrorisme, Mme Gina Abercrombie-Winstanley, qui a été reçue par des officiers de la Gendarmerie nationale et de la Dgsn, deux corps impliqués directement dans la lutte antiterroriste. Le poste occupé par l’émissaire américaine renseigne sur la nature de cette visite. C’est l’action directe sur le terrain. On ne parle pas de politique avec les officiers de la gendarmerie et ceux de la Dgsn. Le général Ladnier a déblayé le terrain militaire, Janet Sanderson le terrain politique et Mme Gina Abercrombie-Winstanley fera le reste. «On a discuté du programme de coopération antiterroriste et de la meilleure manière de le mettre en application. Le programme en question est appliqué dans 150 pays à travers le monde, mais en Algérie il s’agit de le réactiver puisqu’il a été déjà mis en place et, de ce fait, je dirai plutôt qu’il s’agit de coopération et j’apprécie l’expertise algérienne», a déclaré la responsable américaine sans aucune autre précision sur la dénomination, la nature et les axes de ce programme.

Dans son point de presse qu’elle a organisé dans l’après-midi de jeudi dernier, elle a été très peu prolixe sur la question redondante de la black liste au sujet de laquelle elle apportera cette précision: «La liste sera revue et non révisée.» «Je suis ici pour écouter le gouvernement algérien sur les préoccupations sécuritaires et pour renforcer la coopération entre nos deux pays», a-t-elle indiqué. Elle affirme que son gouvernement comprend que les mesures de contrôle ont suscité des controverse mais «je précise qu’il ne s’agit pas pour nous de singulariser un pays par rapport à un autre et nous regrettons que le terrorisme nous impose de pareilles mesures». Exactement les mêmes propos tenus par Janet Sanderson, une semaine auparavant. La nouveauté c’est que Mme Gina Abercrombie-Winstanley n’est nullement effrayée par l’idée – avancée par les responsables algériens – consistant à appliquer le principe de réciprocité aux ressortissants américains: «L’Algérie est un pays souverain. Nous comprenons que si l’Algérie juge utile, d’appliquer des mesures pour protéger les voyageurs.» En termes simples, elle veut dire: «Si vous voulez appliquer la réciprocité alors faites!» Les Etats-Unis considèrent l’Algérie comme l’un de leurs «meilleurs partenaires» en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, a-t-elle déclaré indiquant que son pays «tire profit de l’expérience algérienne dans la lutte contre la menace terroriste». Depuis les attentats du 11 septembre 2001, cette phrase est devenue la plus conventionnelle des formules, la plus désuète, la plus sucrée, et cependant, elle va à l’Algérie comme un gant. Dans sa déclaration, elle n’a pas omis de relever que la situation sécuritaire au Sahel est préoccupante pour les Etats-Unis. A-t-elle discuté de ce sujet avec les responsables algériens? Elle a répondu que non. La certitude est qu’une approche strictement sécuritaire pour la région du Sahel est en train de se mettre en place, et écrire aujourd’hui que les Etats-Unis veulent supplanter l’influence française dans la région n’est pas un scoop médiatique. Le dernier Sommet de l’Union africaine à Addis- Abeba (Éthiopie) et la qualité des responsables américains dépêchés à ce sommet renseignent sur les intentions de l’Oncle Sam dans la région. La sous-secrétaire d’État à la Démocratie et aux Affaires mondiales, Mme María Otero, s’est rendue à ce sommet où elle a conduit la délégation américaine. A son ordre du jour, des entretiens avec de hauts responsables gouvernementaux de tout le continent. De même que le secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines, Johnnie Carson a pris part à ce sommet. C’est donc en termes de blocs de régions sécuritaires que les Américains agissent et après avoir détaché l’Algérie du Moyen-Orient, ils la rattachent au Sahel. Quel programme nous concoctent encore ces Amerloques?

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