A Clash of Capitalisms

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Souvenez-vous, c’était il y a quelques mois. On parlait d’un G2 ou d’une ChinAmérique comme d’un couple dont la capacité à collaborer façonnerait l’avenir de la planète. Sur tous les grands dossiers (relance économique, réchauffement climatique, lutte contre la prolifération nucléaire), si Pékin et Washington pouvaient se mettre d’accord, alors le reste du monde suivrait. Tout comme la «globalisation heureuse» devait beaucoup au «cercle vertueux» de cette Amérique qui surconsommait chinois grâce au financement du crédit américain par Pékin, une forme de nouvelle gouvernance globale unissant les intérêts des pays riches et des pays émergents surgirait de ce couple sino-américain.

On mesure aujourd’hui à quel point cette vision – issue de proches conseillers de la Maison-Blanche – reposait au mieux sur un malentendu, plus probablement sur de l’ignorance. On avait déjà compris que le soi-disant «cercle vertueux» s’était avéré nocif et déstabilisateur pour l’ensemble de l’économie mondiale. Dans le nouveau bras de fer qui oppose les Etats-Unis à la Chine, on réalise combien leur relation demeure potentiellement antagoniste. Avec la marche forcée de Pékin pour intégrer le modèle de globalisation marchande, on pouvait penser que les divergences s’amenuiseraient. Rien n’est moins sûr.

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Après s’être longtemps illusionnés sur la capacité du marché à démocratiser la Chine, les Etats-Unis semblent soudain redécouvrir la véritable nature du régime chinois. Le choc des valeurs que met en lumière l’«affaire Google» est aussi un choc des capitalismes. Face au modèle libéral américain fortement discrédité après la «décennie perdue» – selon l’expression de Barack Obama – de l’ère Bush, émerge un contre-modèle chinois de capitalisme autoritaire qui fait non seulement preuve de son efficacité en temps de crise, mais séduit de plus en plus de pays en voie de développement. Il faut sans doute considérer ce «capitalisme aux caractéristiques chinoises» comme le principal défi posé aux démocraties libérales. Car Pékin ne cesse de le répéter: la démocratie occidentale ne serait pas faite pour les Chinois.

Cela ne signifie pas que Chinois et Occidentaux sont condamnés à la confrontation. Cela ne veut pas dire que le régime chinois ne pourra pas un jour évoluer vers plus d’ouverture politique. Mais mieux vaut être parfaitement conscient de ces différences et savoir qu’elles vont

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