Iran, What Regime?

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La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a qualifié, lundi 15 février, le régime iranien de quasi-dictature militaire. Bien que Mme Clinton, universitaire accomplie (Yale), ait souvent le ton professoral, elle ne se livrait pas ce jour-là à un exercice académique de typologie des régimes politiques. Elle parlait à Qatar, un émirat du golfe Arabo-Persique qui entretient des liens étroits avec l’Iran. Elle était à quelques encablures de la République islamique. Elle adressait un avertissement : les Etats-Unis et leurs alliés vont prendre des sanctions contre l’Iran, visant particulièrement les gardiens de la révolution.

C’est une armée prétorienne de quelque 125 000 hommes – composée de forces terrestres, aériennes et navales, sans compter une nébuleuse de milices – formée au lendemain de la révolution de 1979 pour protéger le régime islamiste. Selon Mme Clinton, ses chefs sont les responsables du programme nucléaire iranien, dont aucun expert ne doute qu’il viole les engagements souscrits par Téhéran et peut avoir des finalités militaires.

Depuis la première élection à la présidence, en 2005, de Mahmoud Ahmadinejad, qui leur a appartenu, les Gardiens n’ont cessé de monter en puissance. Ce n’est pas seulement une force militaire. C’est une force économique : ils contrôlent une bonne part de l’activité dans le pays. C’est une force sociale : ils distribuent une fraction de la rente pétrolière. C’est une force policière, au travers de leurs milices.

Avec M. Ahmadinejad, ils ont marginalisé le clergé traditionnel. Puis, avec le semi-putsch de juin 2009, quand M. Ahmadinejad a proclamé sa victoire au lendemain d’un scrutin présidentiel contesté, ils ont brisé le système de pouvoirs et contre-pouvoirs qui caractérisait la République islamique. Bref, ces “quinquas” formés dans la guerre contre l’Irak (1980-1988), quand l’Iran était seul et faible, ont militarisé et, d’une certaine façon, sécularisé le régime.

Cercle militaro-théocratique, les dirigeants des Gardiens ont une idéologie qu’un expert français, Frédéric Tellier, qualifie de populo-islamiste ou islamo-fasciste : “mélange de romantisme politique, de rationalité technique, de fanatisme froid, de dévouement inconditionné”. Hypernationalistes, ils sont en passe de transformer l’hybride qu’était le régime islamique en dictature militaire pure et simple.

Mais ils sont sans doute divisés, et leur coup de force suscite la colère de nombre d’Iraniens. Bref, ils n’ont pas encore réussi.

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