The U.S. Will Need to Give Reassurance About Its Deficits

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Les Etats-Unis vont devoir rassurer sur leurs déficits

En novembre 2009, le New York Times ironisait sur le voyage du président américain Barack Obama “chez son banquier” chinois. Oui, mais voilà… la Chine vient justement d’abandonner au Japon son rang de premier créancier des Etats-Unis. Une place qu’elle occupait depuis septembre 2008. Selon les données publiées mardi 16 février par le département du Trésor américain, les prêteurs chinois (hors Hongkong) détenaient 755,4 milliards de dollars (556 milliards d’euros) de bons du Trésor en décembre 2009, soit 4,3 % de moins qu’en novembre. Depuis juillet 2009, la Chine a même vendu au total 45,1 milliards d’obligations d’Etat américaines.

Avertissement adressé à Washington ou simple correction ? Les analystes s’interrogent. Très critique sur les déficits budgétaires américains, Pékin s’inquiétait ces derniers mois de la sécurité des investissements chinois en bons du Trésor. Et menaçait, à voix basse, de se diversifier.

Au moment où les contentieux se multiplient avec M. Obama, qui a reçu, jeudi, le dalaï-lama, les autorités chinoises pourraient être tentées de joindre les actes à la parole. Une façon de faire pression sur Washington pour se voir proposer des rendements plus avantageux. Mais la marge de manoeuvre est étroite. “La Chine détient quand même des montagnes et des montagnes de dette américaine”, rappelle Bruno Cavalier, chef économiste de la société de Bourse Oddo.

Si elle arrête d’acheter des bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars va baisser fortement. “Les deux pays sont dans une situation de très grande interdépendance, il y a donc un intérêt mutuel à ce que ce système n’explose pas en vol “, poursuit M. Cavalier.

Toujours est-il que la dette américaine inquiète. Et pas seulement en Chine. A écouter le premier ministre russe, Vladimir Poutine, les Etats-Unis ne font d’ailleurs pas mieux que la Grèce, malmenée par les marchés à cause de la dérive de ses comptes publics. “La crise n’a pas commencé en Grèce, ni en Russie, ni en Europe (…), mais de l’autre côté de l’Atlantique, a-t-il souligné, mardi. Là-bas, les problèmes sont similaires, avec une dette extérieure et un déficit budgétaire massifs.”

“Rebond de la croissance”

Entre plans de sauvetage du secteur bancaire et programmes de relance, la dette publique américaine s’est creusée jusqu’à dépasser les 12 000 milliards de dollars. Début février, l’agence de notation Moody’s a tiré la sonnette d’alarme : les Etats-Unis vont devoir mettre en place des mesures d’économie supplémentaires s’ils veulent conserver leur note “Aaa”, la meilleure possible.

Après s’être acharnés sur la Grèce, les investisseurs décideront-ils de s’attaquer aux Etats-Unis ? “Il faut rester modéré quand on évoque les difficultés de financement de la dette américaine, mais on ne peut pas exclure une augmentation de la prime de risque”, estime Laurence Boone, économiste chez Barclay’s. Vendredi, le taux d’intérêt des bons du Trésor américains à dix ans atteignait 3,8 %. “Les Etats-Unis prévoient un rebond de la croissance beaucoup plus important que l’Europe, rappelle toutefois Mme Boone. Cela devrait leur permettre de rééquilibrer leurs finances publiques bien plus rapidement.”

Et comme tout ne va finalement pas si mal outre-Atlantique – le produit intérieur brut devrait augmenter de 2,7 % en 2010 selon la Maison Blanche – la Réserve fédérale américaine (Fed) a commencé à alléger son dispositif anti-crise. Jeudi, elle a annoncé le relèvement de son taux d’escompte d’un quart de point, à 0,75 %. Une décision qui “n’aura pas d’impact tangible sur l’économie mais envoie un message fort”, affirment les experts de la Société générale. Sur le marché des changes, il a été reçu cinq sur cinq : le billet vert s’est immédiatement apprécié et s’échangeait vendredi 1,3502 dollar pour 1 euro.

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