Reforming the Congolese Army: Washington Shifts into High Gear

<--

Réforme des FARDC : Washington passe à la vitesse supérieure

Après le passage du Général William E. Ward, commandant de l’AFRICOM, les Etats-Unis font de la réforme des FARDC, la priorité des priorités. Si la Belgique a déjà mis en place une Brigade d’intervention rapide, basée à Kindu, au Maniema, les Etats-Unis ont décidé de former un Bataillon d’infanterie légère, BIL. Fort de 1000 hommes, il est actuellement en formation à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale. L’objectif est de doter la RDC d’une armée professionnelle et performante pour contribuer à la stabilité et à la sécurité dans la région des Grands Lacs.

En nommant Johnnie Carson au poste de sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Afrique, le président Barack Obama s’était fixé quatre priorités : la sécurité, la promotion de la démocratie, l’aide économique et la lutte contre le SIDA. C’est ainsi qu’en ce qui concerne la sécurité en Afrique et reconnaissant le « rôle stratégique de la RDC », les Etats-Unis ont décidé de « fournir aux pays africains la formation dans ce domaine précis, l’équipement, la logistique nécessaire à leur stabilité comme en République démocratique du Congo, au Liberia ou au Soudan ».

Au mois de mars 2009, l’ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa, M. Garvelink, dans son point de presse, avait déclaré que les Etats-Unis avaient pris l’engagement de former en RDC un bataillon qui constituera une force de réaction. Il avait également promis, au cours de ce même point de presse, de rencontrer le Général William E. Ward, Commandant de l’AFRICOM (Commandement militaire américain pour l’Afrique) pour lui présenter les besoins militaires de la RDC.

Washington vient de passer aux actes. Le général William E. Ward a déjà séjourné deux fois en RDC. Il a souligné la nécessité de doter le Congo-Kinshasa d’une « armée des professionnels et performante ».

Le Bataillon d’infanterie légère, BIL, est en gestation à Kisangani. La sélection et le recrutement, dit-on, sont rigoureux. Le bataillon est composé de 1000 hommes et un montant de 35 millions USD a été affecté à la formation de ce bataillon. La cérémonie officielle de la formation de cette unité des FARDC a été rehaussée de la présence du Commandant adjoint d’AFRICOM, Anthony J., chargé des activités civiles et militaires. L’objectif des Etats-Unis est d’aider à doter la RDC à la mise en place d’une armée professionnelle capable de faire respecter l’autorité de l’Etat, de garantir la sécurité du peuple congolais.

Compte tenu de la situation particulière dans la région des Grands Lacs, les Etats-Unis estiment qu’il revient à cette armée congolaise de jouer un rôle-clé dans la protection des populations et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la RDC. Les Etats Unis visent donc à promouvoir la paix dans cette région, et la création de ce bataillon devra servir d’unité modèle au sein des FARDC.

PLUS DE GUERRES “IDIOTES”

Parmi l’un des engagements pris par Barack Obama lors de son investiture, il avait promis qu’il n y aurait plus de « guerres idiotes ». Guerres idiotes pour les Etats-Unis de ne plus s’engager dans n’importe guerre susceptible de les faire isoler du reste du monde. Ce qui explique cette décision de retirer les troupes américaines de l’Irak, sans pour autant baisser les bras devant le terrorisme international. D’où ces efforts américains concentrés sur l’Afghanistan considéré comme le dernier bastion du terrorisme international.

Guerres idiotes pour l’Afrique lorsqu’elle est incapable de protéger ses frontières, qu’elle laisse piller ses propres richesses, faute d’une armée dissuasive et performante. Une armée des professionnels qui doit servir de socle aux institutions de la République. Les guerres économiques imposées à la République démocratique du Congo, à cause de ses richesses, sont des « guerres idiotes ». Tout simplement parce que les Congolais n’ont pas su protéger leurs biens, les attributs de leur indépendance et de la souveraineté nationale pendant que certains d’entre eux favorisaient le pillage des ressources naturelles.

Voilà pourquoi, dans sa nouvelle vision de coopération avec les Etats africains, la politique africaine des Etats-Unis est la suivante : « avant les Etats-Unis travaillaient pour l’Afrique. Nous voulons maintenant travailler avec l’Afrique. ». Aussi, pour éviter ces « guerres idiotes », Barack Obama disait ceci le 20 janvier 2009 : « Aux habitants des pays pauvres, nous promettons de travailler à vos côtés pour faire en sorte que vos fermes prospèrent et que l’eau potable coule, de nourrir les corps affamés et les esprits voraces ». Déjà, en tant que sénateur, parlant de la RDC, il avait mis en garde les « gouvernements étrangers qui déstabilisent la République démocratique du Congo pour qu’ils soient tenus tous responsables ».

Et pour conclure en ces termes dans son discours à l’Afrique, à Accra : « Avec de puissantes institutions et une ferme volonté, je sais que les Africains peuvent réaliser leurs rêves à Nairobi et à Lagos, à Kigali et à Kinshasa, à Harare et ici même à Accra ». A l’image de tous les pays de la vieille démocratie, ces institutions puissantes reposent sur une armée républicaine.

Les Etats-Unis sont donc en train de respecter leurs engagements vis-à-vis des FARDC. Ils viennent de passer aux actes, voire à la vitesse supérieure. A la RDC d’en faire autant. Le ministre des Affaires étrangères ne disait-il pas l’année dernière à Goma « qu’il n’y a pas d’Etat sans Armée » ?…

About this publication