Les restrictions au commerce mondial apparues ici et là au plus fort de la crise seraient sur le reflux. Le spectre du protectionnisme s’éloignerait dans les pays du G20, qui regroupe les “vieilles” puissances économiques (Etats-Unis, Europe, Japon) et les “émergentes” (Brésil, Inde, Chine, notamment). C’est du moins ce que disait, lundi 8 mars, un rapport d’évaluation publié par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Vingt-quatre heures plus tard, on est tenté d’être moins catégorique que l’OMC et de pointer du doigt les mauvais exemples venus des Etats-Unis.
Il y a d’abord eu la manière dont Toyota a été traitée en Amérique. Obligée de rappeler des millions de véhicules pour défaillances techniques graves, la firme automobile japonaise a été publiquement humiliée à Washington. On n’était pas loin du “Nippon bashing”, une atmosphère antijaponaise, quand les patrons de Toyota ont dû venir faire amende honorable et courber la tête devant les commissions du Congrès. Et on n’est pas forcément dans le procès d’intention si l’on observe que l’affaire favorise les intérêts aux Etats-Unis de General Motors, la vieille dame de l’industrie automobile américaine, aujourd’hui nationalisée à 60 %.
Un très haut responsable de l’Union européenne évoquait, au début de la semaine, la persistance outre-Atlantique d’un climat relevant du “Buy American”. Le dernier épisode intervenu lundi dans la saga du renouvellement de la flotte d’avions ravitailleurs du Pentagone le confirmera dans son opinion. Après dix ans de soumission aux différents appels d’offres lancés par le ministère américain de la défense, le groupe européen EADS, associé dans l’affaire à l’américain Northrop-Grumman, a annoncé qu’il jetait l’éponge. Boeing se retrouve seul candidat.
Ce n’est pas sans raisons objectives. L’avionneur américain propose aujourd’hui un cargo ravitailleur modeste, à prix inférieur à celui d’EADS-Northrop. La crise étant là, le prix est devenu un élément déterminant dans une conjoncture où le Congrès entend limiter les coûts de la défense. Mais, là encore, on ne peut s’empêcher de rappeler deux choses : le secrétaire à la défense, Robert Gates, a publiquement jugé que l’avion proposé par EADS-Northtrop est très supérieur à celui de Boeing ; l’appel d’offres a été réécrit à la demande des démocrates et de manière à favoriser l’avionneur américain…
Est-ce faire preuve de mauvais esprit que de voir là nombre d’entraves au “doux commerce” cher à Montesquieu ?
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