Joe Biden and the Rabble-Rousers

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Les incendiaires sont de retour. Et depuis quelques jours, le Proche-Orient semble à nouveau au bord de l’implosion. Etant donné le pourrissement de la situation sur le terrain, ce ne devrait pas être une surprise. Mais nombre d’observateurs veulent croire que l’heure de vérité approche: le pouvoir israélien pourrait chanceler et tous les ingrédients d’une troisième Intifada sont réunis.

Côté israélien, les incendiaires sont l’extrême droite, laïque ou religieuse, à laquelle Benyamin Netanyahou a choisi de lier son destin politique pour gouverner. C’est ainsi qu’un ministre du Shas – parti ultra¬orthodoxe – vient de créer très volontairement une crise diplomatique majeure avec les Etats-Unis en annonçant la construction de 1600 logements réservés aux Juifs à Jérusalem-Est alors que le vice-président américain, Joe Biden, venait peaufiner les derniers détails pour la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes. Cette humiliation infligée par Israël à son plus sûr allié a provoqué une brusque réaction de la Maison-Blanche qui a saisi cette opportunité pour poser une sorte d’ultimatum: l’émissaire George Mitchell ne reprendra le chemin de Tel-Aviv qu’en échange de la garantie d’un gel de toute nouvelle colonie dans les territoires occupés ainsi que la formulation d’un plan de paix qui inclue la question de Jérusalem-Est. Benyamin Netanyahou a-t-il fait une erreur de calcul en pariant sur le fait que Barack Obama serait trop affaibli sur le plan intérieur pour se permettre un bras de fer avec Israël? Ce qui est sûr, c’est que dans l’entourage du président américain certains conseillers verraient bien désormais un changement de gouvernement israélien. La crise est réelle.

Et puis il y a les incendiaires du côté palestinien qui n’allaient pas rater une telle occasion pour rallumer le feu. Les islamistes du Hamas ont ainsi appelé mardi à une nouvelle Intifada au prétexte de l’inauguration la veille d’une synagogue dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem. Bien mieux que le Fatah laïc, le parti religieux a su mobiliser des milliers de manifestants frustrés par la poursuite de la colonisation israélienne pour envahir les rues de Jérusalem-Est et de Gaza.

Comme souvent dans pareil cas, les incendiaires des deux camps sont des alliés objectifs. Ici, il s’agit de saboter toute solution de paix basée sur deux Etats. Mais l’espoir surgit parfois de telle crise. En l’occurrence, celle-ci pourrait enfin forcer le seul arbitre possible de ce conflit, Washington, à s’impliquer pour imposer une paix dont les contours sont connus.

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