A Victory

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Barack Obama a remporté dimanche 21 mars une belle victoire politique. Il a réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué : la réforme de l’assurance-santé aux Etats-Unis. Le dernier président démocrate, Bill Clinton (1992-2000), s’y était efforcé. Il avait échoué, et cette défaite pesa lourdement sur sa présidence. Le républicain George W. Bush (2000-2008), qui lui succéda, avait renoncé à toute ambition en la matière. C’est que le sujet est particulièrement difficile aux Etats-Unis, pour plusieurs raisons : poids de la santé dans la vie économique du pays ; force des groupes de pression liés au secteur ; charge idéologique lourde dans une Amérique qui se défie des interventions de l’Etat.

Le président Obama l’a emporté à sa manière : calme, patiente, déterminée – loin de la conception hystérique de la politique manifestée par ses adversaires républicains. Un échec aurait durablement affaibli M. Obama. Le succès le renforce aux Etats-Unis et sur la scène internationale. Même si ledit succès n’est pas complet. M. Obama voulait que tous les Américains disposent d’une assurance-santé. Comme nombre de ses compatriotes, il ne pouvait admettre l’inadmissible : 50 millions d’Américains – sur plus de 300 millions – n’ont pas d’assurance médicale. Dans un pays aussi riche que les Etats-Unis, le coût d’un traitement, d’une opération, d’une hospitalisation prolongée peut ruiner une famille de la classe moyenne.

A une courte majorité, la Chambre des représentants a adopté dimanche soir la loi sur l’assurance-maladie que le Sénat a votée en novembre. Ce texte va permettre à quelque 31 millions d’Américains d’avoir une assurance médicale. Contrairement à ce que souhaitait M. Obama, la loi ne crée pas un système d’assurance publique. Elle prévoit un mécanisme de subventions publiques pour aider les Américains qui en ont besoin à souscrire une assurance privée. Ce n’est pas encore un régime d’assurance universelle, mais c’est un progrès comme les Etats-Unis n’en ont pas connu dans ce domaine depuis le milieu des années 1960. M. Obama n’a pu aller plus loin tant l’opinion est réticente, en ces temps de déficits abyssaux, à alourdir encore la dette publique.

Le texte doit retourner au Sénat pour le vote de quelques amendements. L’opposition républicaine usera de tous les artifices de procédure pour empêcher un vote. Mais elle a perdu la bataille. Sans forfanterie, M. Obama a pu dire dimanche soir : “Nous marchons avec une confiance renouvelée.”

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