The Beam in America’s Eye

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La poutre dans l’œil de l’Amérique

«Je préfère être un très bon président sur un mandat qu’un médiocre président sur deux mandats.» Cette velléité avait été énoncée il y a quelques mois par Barack Obama, tandis que les craintes se faisaient de plus en plus grandes qu’il ne parvienne à n’être finalement ni l’un ni l’autre. Après que son accession à la Maison-Blanche eut soulevé des espoirs pratiquement sans précédent, il risquait de prendre la pire des voies possibles: être mis à la porte après seulement quatre années de présidence médiocre.

L’adoption par la Chambre des représentants, dimanche, de la réforme du système de l’assurance maladie ne garantit pas au président quatre années supplémentaires à la Maison-Blanche. Mais elle le fera figurer en bonne place parmi les hommes politiques qui ont accompli ce qu’ils avaient promis. Au regard de ce qui fait le quotidien des systèmes de santé européens, la réforme américaine peut sembler bien timide. Elle représente pourtant un formidable bond en avant, qui affranchit des millions d’Américains d’une angoisse permanente. C’était une poutre dans l’œil de ce pays si fier de se voir en modèle à suivre pour le reste du monde. Les Etats-Unis se devaient à eux-mêmes cette libération. Quelles que soient les suites, Barack Obama aura été celui qui l’aura rendue possible, qui en aura in extremis porté pratiquement seul le poids sur les épaules, même contre le gré d’une grande partie de l’opinion.

Mais cette poutre à peine levée (seulement en partie, puisque les républicains promettent encore des recours et des oppositions en cascade), le paradoxe saute aux yeux. C’est ce Barack Obama si habile, si résolu et couronné de succès que l’Europe, notamment, aurait voulu voir revenir de la réunion sur le climat de Copenhague. C’est le même que l’on attend désormais face au régime iranien, face au gouvernement israélien, ou encore en Afghanistan, afin de mettre fin à cette guerre qui désormais lui appartient.

Cet important succès sur la santé, qui représente l’aboutissement d’une bataille longue de plusieurs décennies, aurait pu légitimement apparaître comme la culmination d’une présidence. Mais il n’est en quelque sorte qu’une mise en bouche, alors que les autres dossiers se sont épaissis dans son ombre. Face aux attentes, Obama devra encore prouver qu’il sera un excellent président tous azimuts. Pendant un ou deux mandats.

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