The iPad’s Double Stakes

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Le lancement de l’iPad ne peut être qu’une réussite. Entre les précommandes par centaines de milliers et les longues queues d’accros qui camperont dès vendredi soir devant les Apple Store américains, la nouvelle invention de Steve Jobs sera rapidement en rupture de stock. Mais, au-delà de l’euphorie initiale, cette tablette présentée comme magique rencontrera-t-elle sur la durée le même succès que l’iPod et l’iPhone ? Sera-t-elle suffisamment innovante pour donner naissance à une nouvelle famille de produits et d’usages, à mi-chemin entre ceux de l’univers des « smartphones » et ceux des ordinateurs ?

La crainte d’un éventuel échec ne fait en tout cas pas trembler qu’Apple. Car, de la réussite de l’iPad, dépendent dans une certaine mesure à la fois l’avenir de la firme de Cupertino mais aussi celui de bon nombre de créateurs de contenus en train de passer d’un monde analogique à une ère numérique.

Engagé dans une perpétuelle course de vitesse contre les suiveurs copiant ses innovations, Apple doit pour échapper à des guerres de prix destructrices, prouver régulièrement qu’il est capable de se réinventer. S’il ne veut pas subir le sort d’un Compaq tombé dans l’oubli de l’informatique, d’un Motorola ayant longtemps dominé le marché des mobiles avant de trébucher, ou d’un Sony qui a régné sur les Walkman avant de se banaliser, « Maître Steve » se doit d’être toujours en avance. A elle seule, la force de son design ne permet pas de garder longtemps à distance les concurrents sur le terrain technologique. Pour croître, Apple ne doit pas seulement améliorer des produits existants, il doit aussi prouver qu’il peut, avant ses rivaux, en imaginer de nouveaux.

Pour le monde du contenu, l’iPad est également à la fois un challenge et une opportunité. Un challenge car ce nouveau départ numérique va obliger les créatifs à repenser leur métier. Ceux qui ne proposeront sur l’iPad que des programmes équivalant à ce qu’ils offrent déjà via un livre, un journal ou l’écran d’un iPhone, d’un ordinateur ou d’un téléviseur ne sortiront pas du lot. Au mieux, le nouvel usage cannibalisera l’ancien sans que le public ou le marché ne s’en trouvent élargis. Mais si ce challenge de l’imagination est relevé, l’iPad pourrait en plus permettre enfin à un monde du contenu qui a trop souvent fait rimer Internet avec gratuité de proposer enfin des contenus numériques payants. Pour activer l’iPad il faudra donner son numéro de Carte Bleue. Aux créateurs de contenus de savoir en profiter.

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