Sino-American Thaw Puts Iran to the Test

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L’Iran n’a pas été invité au sommet de la sécurité nucléaire qui s’est ouvert, lundi, à l’initiative de Barack Obama au Centre de conventions de Washington pour évoquer le spectre d’un attentat terroriste atomique, dans une capitale plus barricadée que jamais. Mais ce pays, que la communauté internationale accuse d’avoir mis en route un programme nucléaire militaire en violation de ses engagements, devait faire l’objet de maintes conversations bilatérales, alors que 47 chefs d’État et de gouvernement entamaient un ballet de rencontres et de discussions sur la meilleure manière de sécuriser les stocks de matériaux fissiles et d’armes nucléaires disséminés à travers le monde.

Tous les analystes attendaient notamment d’en savoir plus sur la teneur du long tête-à-tête que venait d’avoir dans l’après-midi le président américain avec son homologue chinois, Hu Jintao. Selon un porte-parole américain, le Chinois aurait reconnu «partager les inquiétudes» d’Obama vis-à-vis de Téhéran et confirmé l’envoi d’une délégation à l’ONU pour négocier un texte de sanctions contre l’Iran. Une source chinoise a toutefois insisté sur la poursuite de la «négociation», une formule suffisamment sibylline pour laisser planer un doute sur les intentions réelles de Pékin. Mais les deux hommes auraient longuement évoqué le sujet iranien. La rencontre devait être l’occasion pour les deux grandes puissances de remettre sur les rails une relation fortement secouée par plusieurs épisodes – de l’affaire Google à l’annonce de la vente d’armes américaines à Taïwan, en passant par la visite du dalaï-lama à la Maison-Blanche et la question de la sous-évaluation du yuan.

Le président Obama ne cache pas qu’il souhaite parvenir à une résolution sur l’Iran avant la conférence du traité de non-prolifération, qui doit se tenir à New York en mai. Selon des sources américaines, il devait presser Hu Jintao en ce sens.

«Patience stratégique»

La question clé concerne le type de sanctions que les Chinois – et les Russes – accepteront de voter. Washington plaide pour une résolution «dure», susceptible de forcer Téhéran à reconsidérer ses plans nucléaires et à choisir la réintégration dans le concert des nations. C’est la «patience stratégique» américaine qui a permis d’ébaucher un consensus international sur l’Iran, a noté dimanche la secrétaire d’État, Hillary Clinton.

Mais Pékin a plusieurs fois exprimé son opposition à toute sanction qui toucherait le secteur iranien de l’énergie, l’Iran représentant un partenaire crucial. Hillary Clinton a récemment effectué en Arabie saoudite un voyage destiné à convaincre les Saoudiens de se substituer aux Iraniens en matière de fourniture de pétrole, en cas de sanctions énergétiques. Mais ces dernières restent peu probables, les Russes y étant eux aussi hostiles, pour des raisons analogues, même s’ils ne les ont pas exclues lors de la rencontre Obama-Medvedev à Prague, la semaine dernière.

Lundi, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Washington, le président Dmitri Medvedev rappelait sur la chaîne ABC son opposition à toute sanction susceptible de toucher l’approvisionnement énergétique de la population iranienne, afin d’éviter «toute catastrophe humanitaire». «Je ne crois pas que, sur la question des sanctions énergétiques, nous ayons une chance de trouver une décision commune de la communauté internationale», a-t-il dit, une remarque qui ne concerne toutefois pas les exportations d’énergie iraniennes. Téhéran a déjà annoncé qu’il ne se sentirait lié par aucune des décisions du sommet de Washington, le guide suprême de la République islamique dénonçant avec virulence «la menace nucléaire déshonorante» dessinée par Obama à l’encontre de son pays. Cette présence souterraine du problème iranien montre bien toute la difficulté pour l’Amérique de convaincre la communauté internationale d’avancer sur la sécurité nucléaire et la réduction des arsenaux, alors que la question de la prolifération reste si incertaine.

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