Netanyahu Abandoned by His People

<--

(Québec) Pas facile pour Benyamin Nétanyahou de tenir tête à Barack Obama, puisque même l’opinion publique israélienne donne de sérieux indices de retournement sur la fameuse question des colonies de peuplement en Cisjordanie.

Un sondage de l’Université hébraïque de Jérusalem révèle que 60 % des Israéliens sont favorables au démantèlement de la plupart de ces colonies, si tel doit être le prix à payer pour la paix avec les Palestiniens. C’est 11 % de plus qu’en décembre. C’est aussi le pourcentage le plus élevé depuis 2005. Jusqu’où cela ira-t-il?

Le sondage ne précise pas si ces chiffres valent aussi pour Jérusalem-Est, la partie arabe de la capitale israélienne, et noeud gordien de la rivalité avec l’Autorité palestinienne. Mais cela importe peu.

Ces chiffres sont significatifs dans le contexte de la crise entre l’État hébreu et les États-Unis, l’administration Obama réévaluant les relations avec Israël depuis la fin de l’an dernier. La Maison-Blanche a alors refait du conflit du Proche-Orient le pivot des crises du Moyen-Orient, dont celle du programme nucléaire iranien, et dont découlent les pressions de Washington sur celui de Jérusalem pour que l’on en finisse avec les colonies.

Découlent-ils d’un «effet Obama»?

On dit du gouvernement de Nétanyahou qu’il craint de se faire imposer une paix coûteuse par l’administration Obama, non seulement avec les Palestiniens, mais aussi avec la Syrie, sur la question du Golan, pour «casser» l’alliance entre le régime de Damas et celui de Téhéran, comme en témoigne la reprise des relations diplomatiques entre Washington et le gouvernement de Bachard Al-Assad.

En ce qui concerne le conflit avec les Palestiniens, en tout cas, l’opinion publique et le pouvoir ne sont pas au diapason. L’essentiel est l’alliance avec les États-Unis et les «intérêts vitaux» d’Israël. À côté d’elle, les motivations idéologiques ou dites de «sécurité» évoquées, avec plus ou moins de conviction par le chef du Likoud pour justifier la politique coloniale, pèsent peu.

Une boutade fait d’Israël le 51e État américain, tant les relations entre Israël et les États-Unis sont exceptionnelles. Difficile de voir ainsi dans les pressions américaines des intrusions du grand frère dans les affaires internes d’Israël. Mais les États-Unis pèsent lourdement sur l’opinion publique de ce pays. Nétanyahou lui-même ne s’y trompe pas, puisque ce n’est pas en ces termes qu’il évoque la crise.

Il a réuni à trois reprises son cabinet de sécurité cette semaine pour décider de sa réponse à donner aux exigences d’Obama formulées le mois dernier, à savoir l’annulation d’un vaste projet de construction résidentielle pour les Juifs à Jérusalem-Est et l’ouverture de négociations sur les questions de fond avec l’Autorité palestinienne. Vainement.

Il se peut qu’avec le temps, l’administration Obama baisse le ton, mais, entretemps, que la «cause» des colons peut aussi perdre encore du terrain. Jusqu’au retrait unilatéral de Tsahal de la bande de Gaza, en 2005, les colons israéliens étaient au plus bas dans l’estime de leurs compatriotes depuis les accords d’Oslo de 1993 avec les Palestiniens, à cause de leur radicalisme et de leur jusqu’au-boutisme. Leur départ en relativement bon ordre de la région, et les guerres du Liban et de Gaza en 2006 et en 2008, ont amélioré quelque peu leur image.

Mais au fur et à mesure que de leur sort en Cisjordanie et à Jérusalem-Est dépend la guerre ou la paix avec les Palestiniens, ils apparaîtront encore davantage comme des empêcheurs de danser en rond. On finit par se lasser de la guerre, même en Israël

About this publication