No Progress Yet in the U.S. Government on Climate Change

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Les démocrates sont-ils vraiment décidés à tenter de faire passer un texte sur le changement climatique avant la fin de l’année ? C’est la question que se posent les experts à Washington après le report, lundi 26 avril, de la présentation du projet de loi sur lequel travaillent, depuis six mois, les sénateurs démocrate John Kerry, indépendant Joe Lieberman, et républicain Lindsey Graham.

Le contretemps a été abrupt. Tout était déjà prêt pour la conférence de presse au Sénat lorsque le républicain a publié, samedi, une lettre annonçant sa décision de se retirer du groupe. M. Graham reproche aux démocrates de vouloir faire passer la réforme de l’immigration avant le changement climatique pour des raisons de politique politicienne. “Avancer sur l’immigration de cette manière, précipitée, paniquée, n’est rien d’autre qu’un stratagème cynique”, a-t-il accusé.

Visé, le chef de file démocrate Harry Reid, qui affronte une réélection difficile dans le Nevada, a démenti avoir inscrit en priorité le débat sur l’immigration, parce qu’il a besoin du soutien des Latinos. John Kerry a, de son côté, tenté de rassurer, en affirmant dans un éditorial posté, lundi, sur le Net que le projet de loi n’est pas enterré : “Nous avançons toujours, nous discutons toujours, nous nous battons toujours”, écrit-il.

Quoi qu’il en soit, la décision a fait l’effet d’une douche froide chez les environnementalistes. “Il est crucial que le processus se poursuive. On a besoin de cette loi”, explique Franz Matzner, le directeur législatif du Natural Resources Defense Council. La Maison Blanche s’est refusée à hiérarchiser, affirmant avoir l’intention de mener les deux sujets de front. Mais les politologues doutent de la capacité du Sénat à examiner simultanément deux textes aussi controversés.

Le contenu du texte, sur lequel les trois sénateurs travaillaient encore en fin de semaine, à La Maison Blanche, avec le directeur du cabinet du président, Rahm Emanuel, n’a pas été divulgué. Selon les rares éléments recueillis par les associations, il n’adopte pas la même démarche que la loi Waxman-Markey passée par la Chambre des représentants au printemps 2009, et ne comporte pas le même système global de marchés d’émissions, mais il retient l’objectif de réduction des émissions affiché par les Etats-Unis lors de la conférence de Copenhague en décembre 2009 (17 % d’ici à 2020 par rapport à 2005 et 80 % avant 2050).

Les auteurs ont choisi une approche secteur par secteur, espérant diminuer les oppositions politiques. La limitation des émissions commencerait par s’appliquer aux entreprises du secteur énergétique, ceci dès 2012.

Quatre ans plus tard, les industries seraient intégrées, puis les transports. Ce dernier point est le plus épineux. Les négociateurs auraient hésité entre l’idée d’une taxe sur les produits pétroliers ou d’une obligation aux compagnies d’acheter des quotas d’émission indexés sur leur production. Les analystes pensent que cette discussion n’est peut-être pas étrangère à la décision de retrait de M. Graham, qui ne se serait pas senti suffisamment soutenu par les républicains et l’industrie pétrolière pour continuer.

Les défenseurs de l’environnement attendent avec perplexité. Ils relèvent que le président américain, Barack Obama, a donné tous les signes nécessaires pour manifester son esprit de compromis : en augmentant le soutien financier au secteur nucléaire, en rendant possibles les forages en mer et en augmentant les investissements dans les techniques de séquestration et stockage de carbone. Ils notent aussi que le républicain Graham ne s’est pas opposé, lundi, à ce que le projet de loi soit envoyé pour analyse à l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Celle-ci a six semaines pour remettre ses conclusions. Au mieux, le débat commencerait début juin.

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