Wall Street, It’s Over

<--

La crise financière est un roman, ce n’est pas Oliver Stone qui dira le contraire, lui qui présente hors compétition au festival de Cannes “Wall Street, money never sleeps” (l’argent ne dort jamais), la suite du blockbuster sorti lors du krach de… 1987. Un roman avec des héros à la Gordon Gekko, dont la seule morale consiste à “entuber” celui qui a la mauvaise idée de le croiser. Un ­roman où l’on rencontre aussi des justiciers à la Andrew Cuomo, le procureur général de New York, parti, dans la vie réelle, en croisade contre les dérives de la finance. Le spectateur ne pourra qu’applaudir le spectacle qui, comme dans tout film américain, se termine par la défaite du méchant et la victoire des gentils. Oui ou non, des informations falsifiées ont-elles été sciemment fournies aux agences de notation sur la qualité des titres immobiliers qui ont nourri la crise des subprimes ? Des produits financiers ont-ils été conçus dans le seul but de spéculer sur la chute de la pyramide financière que ces banques, telle Goldman Sachs, savaient inéluctable ? Cette phase judiciaire de la crise, qui pourrait déboucher sur des condamnations pénales, porte un coup terrible à l’image des établissements concernés et à la réputation de Wall Street. Bien sûr, il faut se garder du syndrome du bouc-émissaire. Tous ceux qui ont acheté ces produits toxiques étaient censés savoir qu’ils investissaient dans des instruments risqués. Mais si on les a trompés, dès le départ, si des conflits d’intérêt sont démontrés par la justice, alors la preuve sera faite qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de la finance. Et les populations des pays acculés à dix ans d’austérité par la faute de ces apprentis-sorciers auront du mal à verser une larme à la fin du film.

About this publication