Obama: The Ball and Chain in the Democratic Primaries?

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Si Obama jouit d’un statut de vedette au Québec, au Canada et en Europe, ce n’est pas toujours le cas aux États-Unis. Et certainement pas dans le conservateur « Deep South », là où le gouvernement n’est souvent pas le bienvenu ni dans le système de santé, ni dans le système financier, ni dans son fourreau d’arme à feu, d’ailleurs. Une question de principe. Nul doute, les grandes réformes d’Obama ne sont pas accueillies à bras ouverts là-bas.

C’est ce que j’ai pu constater par moi-même au début du mois de mai, en Caroline du Nord, juste avant de partir pour la Louisiane (excusez le délai, chers lecteurs, il ne m’était pas possible de bloguer à ce moment). Avec une petite délégation réunie par Mission Leadership Québec, j’ai pu observer le premier tour des primaires du Parti démocrate en vue des élections de mi-mandat au Sénat américain, qui auront lieu en novembre.

Aucun des aspirants démocrates n’étant parvenus à dépasser le seuil des 40 % lors du premier tour, Cal Cunningham et sa principale rivale, Elaine Marshall, bataillent présentement dans le deuxième tour.

Sur le terrain, je ne comptais plus les commentaires anti-Obama. Le jour de l’élection, près d’un bureau de vote, une jeune mère de famille a lancé à un représentant du Parti démocrate : « Quoi ? Un Démocrate !? Croyez-moi, on ne peut pas argumenter avec un Démocrate ces jours-ci. J’ai une amie en Europe et, je vous le dis, ça ne va pas bien du tout là-bas [une référence au socialisme à l’européenne qu’Obama tenterait d’implanter aux États-Unis] ». Puis, elle s’est retournée vers un représentant républicain (les Républicains aussi étaient dans les primaires) et les deux se sont lancés dans une escalade d’arguments anti-Obama : « Ils veulent nous dire quoi faire ! », « Ça ne marchera jamais ici ! », « Ils veulent nous dire comment organiser nos écoles ! », et ainsi de suite.

Un peu plus tard, un Démocrate « désillusionné » (ses mots) a marmonné, en se dirigeant vers le bureau de vote : « Après tous ce qu’il [Obama] a fait… ».

Voyez, ce genre de propos. Les exemples sont légion.

La liberté individuelle avant tout

Mais tomber dans la caricature serait trop simple. Car il y a une certaine cohérence dans le discours de ces anti-Obama. Ces gens ont choisi la liberté individuelle avant toute chose, avec ses avantages et ses inconvénients. Les banques ? « Laissez-les s’effondrer. Ça sera dur, mais elles apprendront », m’a-t-on dit plusieurs fois dans cet État considéré, avec ses sièges sociaux de Bank of America et de Wachovia, comme le deuxième centre financier des États-Unis après New York.

Même chose avec le système de santé universel : « À chacun de payer pour ses soins. Je ne paierai pas pour les autres ! » Et pourtant, l’une des personnes qui me tenaient ce discours est déjà passée à deux doigts de déclarer faillite après avoir dû payer pour une hospitalisation.

Quand on n’aime pas le gouvernement, on n’aime pas le gouvernement…

Le baiser de la mort ?

La candidature de Cal Cunningham mérite une attention particulière. Qui est-il ? Un candidat qui, sur papier, a de sérieuses chances de l’emporter. Il a tout pour plaire. Ou presque… Je m’explique.

Cal est un « true American ». Il est jeune — 36 ans —, il est né et vit en Caroline du Nord, son sourire est d’une blancheur éclatante, il parle avec aplomb, il est bien marié, il est l’heureux père de deux enfants tout blonds, il a un golden retriever, il est avocat, il a été sénateur dans la législature de son État et, ligne fondamentale dans son c.v., c’est un militaire. Vétéran de la présente guerre en Irak, il a reçu la prestigieuse Bronze Medal pour service exemplaire. Et s’il était élu au Sénat américain, il serait le premier vétéran de la guerre d’Irak à y siéger. (Comprenez bien que ceci est un atout fon-da-men-tal : avec la base militaire de Fort Bragg, la Caroline du Nord est un « military state ». Une quantité phénoménale de soldats envoyés à l’étranger y transitent. Et les gens de Caroline du Nord en sont drôlement fiers.)

Mais, s’ajoute à son dossier ce qui a toutes les apparences d’un sésame ouvre-toi, mais qui s’est peut-être transformé en baiser de la mort depuis le passage de la loi sur le système de santé et le projet de réforme financière : l’onction d’Obama. Parmi les trois principaux aspirants démocrates du premier tour, c’est Cal que le président a endossé.

Cal est arrivé deuxième. Comme il y a un deuxième tour, il a encore des chances de l’emporter. Mais la pente est abrupte : il a obtenu un gros 10 % de moins que la meneuse, Elaine Marshall, lors du premier tour.

Le premier résultat n’a pas été à la hauteur de ses espoirs. Trop jeune ? Mauvaise organisation ? Peut-être. Mais il y a fort à parier que l’association avec Obama n’a pas aidé. Et qu’elle ne l’aidera pas dans les semaines et les mois qui viennent.

Une élection à surveiller

Quoiqu’il advienne, peu importe qui remportera les primaires démocrates, la Caroline du Nord sera un État à suivre lors des élections de mi-mandat, en novembre. Le siège en jeu au Sénat lors de cette élection (il y en a deux par État et l’autre siège de Caroline du Nord a été comblé en 2008 pour six ans) est présentent occupé par un républicain. Or, le siège a changé de camp à chaque élection depuis 1986. Aucun sénateur sortant n’est parvenu à se faire réélire depuis 25 ans. Et les sondages indiquent la bataille entre les deux partis sera très serrée.

Bref, c’est le genre d’élection locale qui a le potentiel de faire pencher le sénat d’un côté ou de l’autre et d’entretenir le suspense jusqu’à la fin. À surveiller…

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