BiIl sait de quoi il parle. En 1995, pendant son premier mandat, des terroristes américains ont fait sauter l’immeuble fédéral d’Oklahoma et tué des centaines d’Américains. Et 42nd trouve que la colère spontanée qui s’exprime aujourd’hui contre Washington et celle d’alors ont des points communs. En fait-il trop?
C’est le pire cauchemar que peut faire un chef d’Etat américain. Voir son mandat ébréché par du terrorisme intérieur et ne pas l’avoir empêché. Du terrorisme perpétré par des citoyens américains contre des citoyens américains, des gars presque comme vous et moi, rendus fous et désespérés par l’impuissance d’agir des politiques. Par l’impuissance d’être entendus. Ces Américains, pas tous des assassins!, qu’on a vite fait d’affubler du méprisant sobriquet de “petits blancs” se sont trouvés un cousin nettement plus chic, mais toxique tout de même, Joseph Stack, le kamikaze de 53 ans qui, au manche de son avion, s’est jeté sur la Trésorerie d’Austin (Texas) pour vomir sa haine des impôts et sa vie… Pas vraiment différent mais moins meurtrier.
C’est ce qu’a voulu faire comprendre Bill Clinton, dans son discours au Center for American Progress, alors qu’il évoquait ce massacre de 1995 qui reste un traumatisme béant aux US. Il a voulu en faire la projection politique et allumer les warnings. Bien entendu, en homme d’Etat il a mis les mouffles et calibré chaque terme. C’est un modèle du genre. Il a parlé de comparaisons “légitimes” possibles entre les manifestations de colère et de ressentiment exprimées par une Amérique profonde contre le Washington de Barack Obama. Il a estimé que la “fièvre” et le sentiment anti gouvernement des années 95 n’étaient pas sans lui rappeler ce qui se passe aujourd’hui. D’ailleurs, il y avait un chômage important et un besoin de socialiser ces angoisses pour les résoudre.
Et Clinton est revenu sur cette “fièvre” et sur le climat de très grande violence qui régnait dans les villes, avec des gangs puissants et destructeurs.
S’il établit des connexions entre le monde américain de 1995 et celui d’aujourd’hui, il y apporte une nuance de taille et tente d’apprivoiser les membres du mouvement Tea Party. C’est finement dit et, d’entrée, il catapulte sa conviction que l’énergie qui a bâti cette force ne doit pas conduire à la violence même, s’il en convient , c’est le même type de colère qui régnait avant l’atentat d’Oklahoma city. LA différence c’est qu’il reconnaît au Tea Party un rôle sain dans la vie politique américaine : Veiller à ce que chaque dollar investi fructifie pour le bien commun: gardien du Temple? Oui peut-être sauf, si la folie s’empare des gens et les pousse à l’opposé de ce qu’ils prétendent vouloir accomplir. Voilà c’est dit.
Et puis, un petit cours de sémantique politique. Toujours relié à l’attentat de 1995. C’est la violence des mots accumulés depuis des années qui a servi d’allumette à ce feu de forêt. Donc, faites attention aux mots et à leur impact. Soyez combattif, défendez vos idées mais prudence sur les mots. Entre ses mots à lui, on comprenait que les mots avaient tué en 1995.Bill Clinton, en donnant cette lecture de l’histoire remplissait le rôle de Père Fondateur que les anciens présidents peuvent jouer pour dire la règle du jeu quand ils sont des politiques avisés. On l’aime comme ça Bill, le mari de la secrétaire d’Etat!
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