Ainsi donc, les Etats-Unis ont réussi à rallier la Chine et la Russie à un nouveau train de sanctions contre l’Iran. Le texte a été accepté hier au Conseil de sécurité de l’ONU par douze voix contre deux (le Brésil et la Turquie) et une abstention (le Liban).
Après avoir été l’homme qui tendait la main à l’Iran, par ses vœux vidéo pour le Nouvel An persan et par son offre de dialogue, Barack Obama se présente désormais face aux Américains comme un président conscient des dangers du monde et dont la diplomatie remporte certains succès. La Maison-Blanche se prévaut en effet d’avoir enfoncé un coin entre Téhéran et ses deux partenaires commerciaux les plus importants: Pékin et Moscou.
Mais… il y a beaucoup de mais. D’abord, parce que les affaires continuent. La Chine ne va pas cesser d’acheter chaque jour 550 000 barils de pétrole à l’Iran, son second fournisseur, à qui la Russie ne va pas cesser de vendre des armes. Ensuite, le texte voté hier a été tellement allégé pour convaincre Moscou et Pékin que l’on se demande si l’inscription sur une liste noire de 40 sociétés et d’un individu va vraiment freiner le programme nucléaire iranien. Les Gardiens de la révolution, principale cible de ces nouvelles sanctions, sauront créer d’autres sociétés-écrans pour continuer d’étendre leur influence sur l’économie iranienne. Cela fait 31 ans que l’Iran vit sous différentes formes de sanctions et d’embargos sans que cela ne l’ait empêché de s’ériger en véritable puissance régionale et de se développer dans tous les domaines, y compris nucléaire, avec une expertise qui stupéfie jusqu’aux inspecteurs de l’AIEA.
De fait, les deux dégâts collatéraux de ces nouvelles sanctions semblent être la possibilité pour la Turquie de jouer un rôle d’intermédiaire, et cela quelques jours après l’épisode de la flottille humanitaire pour Gaza, et surtout le «mouvement vert», cette opposition apparue en Iran dans la foulée de l’élection présidentielle controversée de juin 2009. Ces sanctions sont une aubaine pour le président Ahmadinejad: elles confortent son discours sur les «ennemis extérieurs» et leurs liens supposés avec les «ennemis intérieurs», elles détournent l’attention de la répression impitoyable qui sévit à Téhéran depuis un an et lui fournissent une excuse en or pour trahir sa principale promesse électorale: améliorer l’ordinaire des Iraniens d’en bas, qui souffrent comme jamais du chômage et de l’inflation.
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