C’est sans doute le paradoxe post-primaires de la semaine dernière: au moment où le mouvement du Tea Party continue son avancée sur la carte électorale, il est menacé de dislocation.
C’est en partie parce que le Tea Party est un mouvement hétéroclite de citoyens mécontents de la direction que prend le pays, et non un parti avec des leaders et des structures qu’il risque de se fracturer.
A peine les bureaux de vote étaient-il fermés, mardi dernier, que les partisans du Tea Party commençaient à se chamailler sur le point de savoir si Sharron Angle était la meilleure candidate pour s’opposer à la réélection de Harry Reid, le leader Démocrate au Sénat, en Novembre prochain.
En Virginie, les adhérents du mouvement qui bouleverse la donne politique depuis quelques mois, se sont précipités sur les blogs et sur les journalistes, publiant même une tribune dans le Washington Post, journal de l’establishment, pour se plaindre de leur incapacité à s’unir pour choisir un candidat, avec pour conséquence la victoire d’un candidat représentant de l’establishment.
“Personne n’est propriétaire de la marque Tea Party et c’est justement le problème,” déplorait, dans le Washington Post, Brendan Steinhauser, l’un des organisateurs de Freedom Works, qui mobilise les partisans du Tea Party. “En Virginie, il y a six candidats anti-establishment et un candidat de l’establishment, dans cette situation il n’est pas possible de battre le candidat de l’establishment.” Cette discorde n’est pas seulement exprimée dans les deux circonscriptions de Virginie où le Tea Party a perdu. Elle se manifeste également dans le Nevada où le candidat anti-establishment l’a emporté.
Ce flottement dans les rangs du mouvement intervient juste au moment où un sondage Washington Post-ABC News, révèle que 50% des Américains ont une mauvaise opinion du Tea Party. En Mars, le chiffre était de 39%.
Ce ne serait pas la première fois qu’un mouvement s’étiole après des débuts pleins d’énergie et de promesse. Ross Perot, le milliardaire américain, avait disparu malgré sa personnalité charismatique.
Mais les adeptes du Tea Party ne veulent surtout pas de leaders. Comme l’a dit l’un de ses représentants dans le Nevada, partisan d’un autre candidat que Sharron Angle, “Nous aimons être un collectif de voix. C’est la première fois depuis une génération que nous avons le sentiment que nous sommes entendus.”
Mais le danger pour le mouvement, au moment où il semble gagner de la vitesse, est d’attirer l’attention des médias sur ses dissensions et sur les positions parfois extrémistes de ses membres, comme l’idée de Sharron Angle de supprimer le ministère de l’éducation et de demander à l’Eglise de Scientologie de gérer un programme pour les détenus.
Plus que les querelles, ce sont les positions souvent farfelues et extrêmes du Tea Party qui pourraient briser la dynamique du mouvement et aboutir au triomphe, une fois encore, de l’establishment. Un comble.
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