Markets Doubt the Sustainability of U.S. Growth

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La reprise américaine a été amorcée par la reconstitution des stocks des entreprises et soutenue par les dépenses publiques. Aujourd’hui, c’est à l’emploi de prendre le relais. Or ce n’est pas le cas, explique Aurore Wannesson-Raynaud, stratégiste à AXA IM.

L’économie américaine a crée 431.000 emplois au mois de mai. Pourtant les marchés l’ont sanctionné. Pourquoi ?

La plupart des créations d’emplois a été le fait du secteur public. L’essentiel de ces postes ont été crées pour le recensement de la population américaine. De fait, ils sont temporaires et les personnes recrutées se retrouveront sur le marché du travail dès l’été 2010. En excluant ce recrutement public, le secteur privé n’a crée que 41.000 postes au mois de mai, ce qui explique la réaction des marchés, car la dynamique des mois précédents s’est déjà interrompue.

Si cette tendance se poursuit, quel impact pourrait-il y avoir sur la croissance ?

La reprise américaine a été amorcée par le biais de la reconstitution des stocks des entreprises. Cela a entrainé un redémarrage de la production et donc un fort rebond de la croissance. Parallèlement, le soutien public, via les baisses d’impôts, les primes à la casse, l’extension des allocations chômages (que ce soit sur la durée ou le montant) et le crédit d’impôt immobilier a lui aussi soutenu l’activité. Aujourd’hui, c’est à l’emploi de prendre le relais pour assoir cette reprise et enclencher un cercle vertueux. Mais pour que le taux de chômage (aujourd’hui à 9,7%) diminue, il faudrait qu’il y ait entre 200.000 et 250.000 créations d’emplois mensuelles. Et rien que pour le stabiliser, il en faudrait 150.000. Or, pour ces 150.000 créations de postes, il faudrait une croissance du PIB de l’ordre de 4%. Voila pourquoi les marchés doutent de la pérennité de la croissance.

Compte tenu de vos prévisions, quelle politique monétaire anticipez-vous ?

La FED a déjà porté ses taux à un niveau plancher et a, parallèlement, injecté des liquidités et soutenu les marchés. La hausse des taux d’intérêts serait l’étape ultime. Elle peut remonter son taux d’escompte (elle l’a déjà remonté de 25 points de base). Cette hausse impliquerait qu’il n’existe plus de stress sur les marchés financiers. La Fed peut aussi faire en sorte de ne pas remplacer les titres arrivant à maturité ou bien vendre les actifs qu’elle a à son bilan. Ce qui veut dire qu’il n’y aura pas de hausse de taux d’intérêts avant 2011.

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