Obama: Bring on Mr. Clean Now!

Edited by Heidi Kaufmann

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En proclamant la ressemblance du désastre de la marée noire du golfe du Mexique avec le 9/11, 44th a placé la dramatisation et la barre de l’efficacité très haut dans l’esprit des Américains. Il installe son ambition à un niveau “too big to fail” qui conditionne son second mandat et l’oblige à faire vite du propre dans le Golfe mais pas seulement. A Washington?

Déjà deux mois depuis le désastre et la marée noire est devenue un personnage familier et honni des Américains. Frank Rich, éditorialiste ténor du NYT, le dit. La comparaison de la crise du Golfe avec celle du 9/11 est adaptée. Le hic c’est que le discours du Bureau ovale, le mardi suivant, en a infirmé la dimension tant le flou et le timing imprécis étaient redevenus piliers de la communication. On en était à “un futur énergétique propre”, “un plan à long terme de réhabilitation de la côte” et l’inévitable “commission fédérale” qui fleuraient bon le temps administratif de Washington. Et beaucoup de déception chez le bon peuple qui veut du propre tout de suite dans le Golfe.

Or toute la crédibilité de la présidence Obama, dans cette affaire, repose sur son affirmation que, dans quelques semaines, plus de 90% du fuel sera récupéré et que le fonds de 20 milliards de $ exigé de BP et placé sous le contrôle de Kenneth Feinberg, sera une réalité. L’Amérique est aux aguets: pour l’instant, les grandes promesses de la campagne présidentielle: la réduction du chômage et la paix en Afghanistan sont en attente. Et la réforme de la santé, un vrai succès Obama, ne sera une réalité dans la vie des Américains que dans quelques années.

Cette catastrophe de la marée noire ne pouvait tomber plus mal. Quels moyens a-t-il de stopper la fuite de pétrole? Pas plus que de créer de nouveaux emplois ou de maîtriser Karzai. Et quand il a terminé son intervention du Bureau ovale en confiant l’Amérique à Dieu c’était en fait un miracle qu’il demandait. Alors que l’Amérique voulait savoir comment il allait agir sur son administration plus que coupable. Ce que Rolling Stone, très proche de ses convictions, avait développé dans un papier confondant pour la responsabilité de la Maison Blanche.

C’est l’administration (à l’époque déjà Salazar et le M.M.S.) qui freine et qui a, depuis des années laissé faire BP, même après des problèmes aussi importants que l’Exxon Valdez en 1989. Et l’opinion s’interroge: 1- Obama aurait-il été aussi définitif sur l’extension du forage off shore s’il avait été conscient de la collusion entre L’administration et les compagnies pétrolières? 2- Avant de dire qu’il verrait bien Tony Hayward viré de BP, Il aurait pu rendre responsable sa propre administration .3- Jamais depuis la marée noire on ne l’a entendu émettre de doutes sur la poursuite du forage en mer.

Obama doit faire du propre chez lui. C’est de clarification que les Américains ont besoin sur la position de leur président, de sa capacité à faire le ménage dans sa propre maison avant que n’éclate une prochaine crise inévitable à court terme et qui doit être anticipée sous peine de le voir accusé de naïveté politique.

Sur ce plan politique, cette marée noire peut se révéler une belle occasion pour 44th de déstabiliser les Républicains et de semer la pagaille chez eux, en les “aidant” à faire du propre. Le GOP est, depuis des mois, le jouet de la droite populiste des tea partiers, anti gouvernement, anti Washington et anti gros. C’est le moment pour Obama, d’expliquer à l’Amérique que ces “croisés” sont des larbins payés par des puissants comme BP qui manipulent tous et tout, en se fichant bien des petits tea partiers et de leurs kermesses sans lendemain. Et de leur rappeler que 71% des dons électoraux des compagnies pétrolières vont au parti Républicain. Le parti Républicain a si bien vu le danger qu’il a stoppé net cette semaine ses membres qui parlaient des $20 milliards en terme de racket d’Obama pour laisser passer la communication sirupeuse de Michele Bachman sur la redistribution vers les victimes (c.a.d les petits). Fermez le ban.

Dans sa campagne, Barack Obama avait promis de changer Washington. C’est sa capacité à se montrer maître du jeu qui est le coeur du sujet. Et tout de suite. En atteignant la tirelire de BP, Obama a peut-être, pour une fois, infléchi la règle du jeu.

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