General Obama

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Que signifie vraiment la décision de Barack Obama de limoger le général McChrystal, commandant en chef des forces de l’Otan en Afghanistan, qui prend sa retraite dans la foulée?

Lorsqu’une guerre se passe mal, les généraux s’en prennent immanquablement au pouvoir civil. Ils renâclent, critiquent ou médisent, ce qui se termine le plus souvent à leurs dépens. L’Afghanistan en fournit un nouvel exemple.

En limogeant le général McChrystal, commandant en chef des forces de l’Otan en Afghanistan, auteur de propos offensants à l’égard du président des Etats-Unis et, surtout, de son proche entourage, Barack Obama a pris une décision nécessaire. Il rappelle qu’il est l’unique chef des armées et qu’il n’a aucune intention de tolérer l’insubordination, d’autant qu’il a suivi les recommandations de McChrystal en ordonnant, en 2009, l’envoi de 30 000 hommes supplémentaires sur le théâtre afghan.

Les critiques émanant des aides de camp du général étant encore plus féroces que celles émises par leur supérieur, la faute est doublement constituée: ou bien c’est le commandant en chef qui s’inscrit lui-même dans une attitude irrespectueuse, ou bien il la laisse s’exprimer librement. Dans les deux cas, McChrystal a montré qu’il ne maîtrisait pas sa fonction.

Ce limogeage révèle évidemment bien plus qu’un problème de discipline. Récemment, McChrystal, décidément prolixe, avait fait savoir à l’Otan qu’il ne fallait s’attendre à aucun progrès notable dans les six mois à venir, compromettant par son pessimisme le retrait américain, envisagé dès le mois de juillet 2011 par la Maison-Blanche. On ne saurait mieux contrarier la volonté présidentielle. Une incartade fatale, qui a pesé bien plus lourd que tout autre bavardage.

Le remplacement de McChrystal par l'”extraordinaire” général Petraeus, qui a su limiter les dégâts à la tête des forces américaines en Irak, permet au président de répliquer à ceux qui lui reprochent d’avoir perdu le contrôle de la situation en Afghanistan.

Certes, mais Obama a-t-il pour autant remis à plat sa stratégie en Afghanistan? Non. Petraeus est le troisième général à ce poste en un peu plus d’un an. Et des dysfonctionnements aussi graves concernent les pouvoirs civils: l’ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul affiche sa méfiance à l’égard du président afghan, Hamid Karzaï, tandis que Richard Holbrooke, représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan, est persona non grata chez le même Karzaï depuis qu’il s’est emporté contre ce dernier. Pas de quoi parader; surtout avant un retrait.

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