McChrystal, Obama and Afghanistan

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Le drame qui a captivé la capitale américaine pendant 36 heures, la semaine dernière, pourrait bien être, non pas, selon les mots de Churchill, “the end of the beginning”, mais plutôt “the beginning of the end”.

Le limogeage de Stanley McChrystal, le général commandant les forces de l’OTAN en Afghanistan, après la publication d’un long article de Rolling Stone dans lequel il se comportait comme un warlord Somalien ou Afghan, était inévitable. Toute autre action de Barack Obama aurait été admettre l’insubordination d’un soldat devant le Commandant en chef. Mais le départ du proconsul américain en Afghanistan, apôtre du renvoi de renforts, marque peut-être un tournant dans cette guerre qui vient de dépasser celle du Vietnam pour sa durée et qui tue, chaque jour, 10 Américains.

McChrystal est parti, remplacé par David Petraeus, le meilleur soldat de sa génération. Mais la dynamique en faveur de l’escalade de la guerre afin de mettre les Talibans hors d’état de nuire et de reconstruire le pays, lui donner des structures de gouvernement, est en train de s’épuiser. Les Américains, en majorité désormais, ne croient plus que cette guerre qui coûte un milliard de dollars par semaine, puisse atteindre ses objectifs. Il n’y a qu’à voir le fiasco de Marja, une ville que le général McChystal avait affirmé reprendre en quelques semaines. L’offensive, lancée en février, n’est toujours pas terminée. Celle annoncée de Kandahar est nulle part. La majorité Pashtun ne veut plus être protégée par les forces étrangères.

En décembre, Obama fera sans aucun doute un examen des progrès de cette guerre. Mais l’Amérique est coincée. D’un côté, une guerre qui ne va nulle part avec un gouvernement fantôche, comme on l’aurait dit à l’époque de la guerre du Vietnam. De l’autre, en cas de départ américain, les Talibans plus radicalisés qu’en 2001, bras armé d’Al Qaeda dans la région, et des Pashtun qui s’allieront avec le Pakistan qui lorgne sur l’Hindu Kush. Partir serait une catastrophe pour les Etats-Unis et le monde occidental, mais aussi pour les Afghans livrés aux Talibans et aux ethnies qui se partagent le pays. Rester serait une forme de lente agonie. Il ne reste plus qu’à prier pour que le général David Petraeus réussisse en Afghanistan ce qu’il a réussi en Iraq. Improbable, mais c’est la seule porte de sortie. Elle est étroite.

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