Finally, the Dollar Falls!

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Quand j’ai vu, jeudi, le dollar baisser après la publication de nouveaux chiffres calamiteux pour l’économie américaine, je me suis dit “enfin”. Pas parce que je me réjouis du malheur des autres et encore moins de celui des Etats-Unis. Mais parce que les marchés commencent enfin à réagir de façon cohérente. Depuis des mois, ce qui trouble, même les professionnels les plus aguerris du trading et de l’investissement, c’est la corrélation spectaculaire des marchés. Quand les investisseurs paniquent, tout baisse, sans discernement, indices boursiers, matières premières mais également l’euro, même si les nouvelles ne concernent pas l’Europe. Tout cela au profit des emprunts d’État américains ou allemands, ultimes valeurs refuges. Et quand les investisseurs se détendent un peu, ce qui a été très rare, tout remonte de concert. Du coup, les règles classiques de diversification du risque ne fonctionnent plus.

La journée de jeudi a été une journée passionnante et je pense qu’elle marque un tournant. Tout d’abord, les marchés se sont décorrélés. Pendant que les indices boursiers chutaient, l’euro ne baissait pas. Au contraire. Il connaissait une de ses plus fortes progressions en une seule journée. D’autre part, les emprunts allemands ou américains ne profitaient pas vraiment de la panique boursière.

Quant à l’or, il baissait étonnamment de près de 2%. Il faudra encore attendre pour avoir une confirmation de cette décorrélation. Si c’était le cas, nous pourrions enfin assister à un retour à la normale des marchés. L’autre événement majeur de la journée est le fait que des mauvaises nouvelles économiques pour les Etats-Unis ont fait baisser le dollar, ce qui somme toute est logique, et non pas l’euro comme cela a toujours été le cas depuis des mois. Là encore, ne tirons pas de conclusions hâtives et attendons de voir ce qu’il va se passer dans les jours qui viennent.

Mais si la tendance se confirme, cela voudrait dire que les marchés découvrent enfin que le vrai problème aujourd’hui ce n’est pas la minuscule Grèce à l’échelle mondiale, ou l’Espagne ni même l’Europe, mais bien les Etats-Unis. L’Amérique va mal et Obama donne l’impression de ne pas savoir quelle voie choisir. Alors que les Européens ont choisi, contraints et forcés par l’Allemagne, le chemin de la rigueur, les Etats-Unis se cherchent toujours et semblent naviguer à vue.

Leur dette et leur déficit prennent l’eau de toutes parts mais Obama veut encore croire qu’il peut éviter la rigueur et même rejouer la carte de la relance. Son directeur du budget a d’ailleurs préféré jeter l’éponge en démissionnant. Les Etats-Unis n’ont jamais connu une sortie de récession aussi médiocre malgré des montants colossaux (mal) investis dans la relance.

L’emploi ne montre aucun signe de retour à la normale, l’immobilier se traîne et la consommation s’arrête dès que les primes étatiques ne sont plus versées. Le moral des ménages est bas. Très bas. Dès lors, il va falloir que les investisseurs se réveillent et descendent de leur petit nuage.

Comment, compte tenu des déséquilibres américains, le dollar peut-il conserver le statut de monnaie refuge ? Et comment peut-on continuer à prêter à l’État américain à des taux aussi ridiculement bas ? Pourquoi tant d’aveuglement ? Pour se sortir de la récession qui les menace, les Etats-Unis n’ont pas d’autre choix que de dévaluer le dollar. Quant aux emprunts américains, ils ressembleront bientôt de plus en plus à des emprunts grecs et on espère qu’ils ne finiront pas comme les emprunts russes. Aux Américains qui s’inquiètent pour l’euro et pour l’Europe, j’ai envie de dire : balayez devant votre porte. Car la marée noire menace vos côtes financières.

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