Le 7 juillet 1898, les Etats-Unis annexent la République d’Hawaï, cinq ans après qu’un corps de fusiliers marins US eut déposé la dernière reine indigène. En 1959, après la tenue d’un référendum dans l’île, Hawaï deviendra le cinquantième et dernier territoire de l’Union à accéder au statut d’Etat américain.
En 1898, Hawaï répond exactement à la définition de la république bananière, à savoir un État « apparemment démocratique mais régi par les intérêts privés de la prévarication » (Le Robert). De fait, les planteurs et commerçants fruitiers de la Dole Food Company y font la loi, sous la protection rapprochée de Washington.
Si les Etats-Unis n’eurent officiellement jamais de colonies, ils cherchèrent très tôt, et par tous les moyens, à étendre leur sphère d’influence. En commençant par le continent nord-américain. Ainsi, en 1803, la Louisiane fut achetée à la France ; en 1819, il sera fait de même avec la Floride, jusqu’alors propriété de l’Espagne.
Débarrassé de toute présence européenne sur le territoire américain, le président James Monroe énonce, en 1823, la doctrine qui porte son nom. Celle-ci fige les rapports de forces entre l’Ancien et le Nouveau Monde. Pour le dire de manière un brin lapidaire : pas d’ingérence européenne dans les affaires de l’Amérique et réciproquement.
Du point de vue américain, cette profession de foi ne vaut donc que vis-à-vis du Vieux Continent… Pour preuve, en 1846, devant les refus répétés du Mexique de vendre le Texas aux États-Unis, le président James Polk déclare la guerre à son homologue, le général Antonio López de Santa Anna. A l’été 1847, la bannière étoilée flotte sur le palais de Montezuma, à Mexico City, et l’année suivante, le Mexique cède à son vainqueur le Texas, mais également le Nouveau-Mexique et la Californie, soit un territoire équivalent à la France, l’Allemagne et l’Espagne réunies.
A l’aube du XXe siècle, le vingt-sixième président des Etats-Unis, Theodore Roosevelt, héros de la guerre contre Cuba en 1898 – autre île dont on sait à quel point Washington tenait ! – professa que les peuples incapables d’exploiter leurs richesses pour le bien de l’humanité devaient subir la domination des forts. Avec la bénédiction des puissances européennes – qui n’en pensaient pas moins ! –, la doctrine Monroe se transforma donc ouvertement en « instrument impérialiste » (1).
Illustration par l’exemple à Hawaï ou à Cuba. Mais aussi en Colombie. En novembre 1903, devant les réticences de Bogotá à ratifier un traité concédant la bande de territoire nécessaire à la construction d’un canal à travers l’isthme pour faciliter le commerce maritime, l’Amérique fomentera une révolution sous la protection de sa marine, qui donnera naissance à l’obligeante République de Panama.
(1) M. Baumont, L’essor industriel et l’impérialisme colonial (1878-1904) , PUF.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.