Foreigners

<--

L’Afghanistan est la guerre d’Obama comme l’Irak fut celle de Bush. Elle sera pour le président démocrate le cimetière des stratégies américaines comme le fut la campagne d’Irak. On ne change pas, même pour le mieux, des pays entrés dans l’histoire il y a des millénaires. Pour les Irakiens comme pour les Afghans, l’étranger fera toujours figure d’ennemi et d’intrus. L’Afghanistan en deux mille cinq cents ans d’histoire déchiquetée aura eu raison d’Alexandre, des Anglais ou des Soviétiques. En dix ans de guerre, les Afghans ont déjà vaincu à leur manière les Américains et la coalition hétéroclite où la France ne joue qu’un rôle de supplétif. Obama, dans une des premières décisions de son gouvernement, a envoyé des milliers de renforts dans les vallées et les déserts de ce pays sans Etat. Washington et l’Occident ont déversé des milliards pour construire une nation. En vain. Les Afghans sont toujours aussi pauvres, tandis que leurs dirigeants corrompus accaparent ces «aides au développement». Pour la population, les soldats occidentaux ne sont que des occupants, fauteurs de guerres et de troubles dans un pays dont ils ne comprennent ni les codes tribaux, ni les fidélités familiales, ni les appartenances territoriales. Etrangers à tous les sens du terme. Les Afghans attendent leur départ tout comme sont partis les Soviétiques ou les Anglais. Ils savent que les talibans, qui sont afghans comme eux, resteront. Karzaï prêt à trahir a déjà pris langue avec l’ennemi. Le choix pour les Occidentaux reste entre un retrait en bon ordre ou l’humiliation d’un départ contraint.

About this publication