BP, Belle Proie, Bof!
BP lance, aujourd’hui, une nouvelle tentative pour stopper la marée noire qui souille, depuis trois mois, les côtes du golfe du Mexique. Le pétrolier joue sa survie, titre ce matin « la Tribune ». Le groupe britannique pourrait payer cher cette affaire, voire perdre son indépendance ?
Oui, BP, ça voulait dire British Petroleum, Pétrole britannique en français. Ca va peut-être vouloir dire : Belle Proie. Le géant pétrolier britannique a en effet perdu de sa superbe – et de sa valeur. Il intéresserait, de fait, certains de ses concurrents…
D’abord le bilan. Il est catastrophique. Le puits continue de fuir. En trois mois, c’est dix fois plus de pétrole qui s’est échappé du puit en eaux profondes que lors du précédent accident équivalent, celui de l’Exxon Valdez, en 89, au large des cotes de l’Alaska. Dix fois plus. Et ça continue à fuir. Alors, inutile d’insister, c’est une catastrophe écologique, c’est une catastrophe économique : pour les pêcheurs, pour le tourisme…Il faudra des années pour nettoyer les cotes souillées. C’est aussi un coup de frein donné à l’exploitation des puits de pétrole en mer. Le gouvernement américain a imposé un moratoire jusqu’au 30 novembre prochain sur cette activité.
La facture, c’est le groupe BP qui va la payer…
Oui, et là, le gouvernement américain a vraiment pris les choses en main. BP, c’est Boite Privée. Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, le groupe est sous la tutelle de l’Etat américain. L’Etat américain supervise de très près les opérations de colmatage. Il a obligé BP à créer, tout de suite, un fonds d’indemnisation de 20 milliards de dollars. Il faudra indemniser toutes les victimes de cette catastrophe.BP va devoir vendre des actifs – ça se fera sous le contrôle de l’Etat américain. Et puis on a appris cette semaine que l’Etat américain, la Maison Blanche plus précisément, aurait donné son feu vert à Exxon pour s’engager dans une éventuelle OPA sur BP !
BP, une Belle Proie ?
Pas sûr quand même ! Le géant britannique a certes perdu, en Bourse, un tiers de sa valeur depuis le début de la catastrophe. Il peut intéresser des concurrents. On parle de l’américain Exxon, de l’anglo-néerlandais Shell, voire du chinois Petrochina. BP, c’est aussi Beaucoup de Problèmes. Cette catastrophe va coûter cher à BP – entre 30 et 70 milliards de dollars. Il va lui falloir dédommager toutes les victimes de la catastrophe. Cela va passer par des années de procédures. Ces dédommagements potentiels, incertains mais gigantesques, c’est la vraie pilule empoisonnée qui protège aujourd’hui le géant britannique. Un géant dont les ailes sont donc bel et bien plombées aujourd’hui par le bitume, dont le vol s’en trouve bien sûr ralenti mais qui n’a pas perdu de sa puissance, loin s’en faut.
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