An Understandable Uneasiness

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(Québec) Le projet de construction d’une mosquée à l’ombre de Ground Zero, neuf ans après les attentats du 11 septembre 2001, crée la polémique à New York. Il suscite un malaise parfaitement compréhensible.

C’est le débat délicat par excellence, celui où il est malheureusement si facile de jeter de l’huile sur le feu. C’est l’exemple parfait du débat où les nuances devraient prévaloir, alors qu’elles sont systématiquement – malheureusement aussi – balayées par un déluge de mots trop forts, de termes provocateurs.

Dommage que des politiciens comme Sarah Palin et Newt Gingrich aient agi comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. En bon politicien qu’il est, M. Gingrich a exploité ce projet controversé en déclarant qu’il attendait le jour où l’Arabie Saoudite autoriserait la construction d’églises chrétiennes et de synagogues sur son territoire…

Heureusement, les États-Unis n’ont rien à voir avec la rigoriste Arabie Saoudite! C’est à l’honneur des pères de la nation américaine d’avoir garanti la liberté de culte.

Les plus ardents défenseurs du projet, comme le maire de New York, Michael R. Bloomberg, ont toute une série d’arguments à faire valoir. D’abord, ce n’est pas qu’une mosquée qui sera cons­truite, mais un centre culturel musulman ouvert aux autres cultes, arguent-ils.

Comme ils le répètent aussi, des opposants ont tort de confondre l’islam et les terroristes du 11 septembre, lesquels ont dévoyé leur religion pour perpétrer leurs lâches et barbares attentats contre les tours du World Trade Center.

Enfin, ils ont raison de demander à combien de pâtés de maisons de Ground Zero devrait être construit ce centre islamique, puisque les opposants font valoir que s’installer à deux intersections, c’est trop près. Combien d’intersections faudrait-il? Trois? Trente-cinq?

Fin du débat, alors? Absolument pas. Les arguments des «pour» sont trop froidement rationnels. Ils ne tiennent pas compte de la vie telle qu’elle est, telle qu’elle se déroule.

Les «pour» doivent convenir que le projet suscite un réel malaise chez bien des citoyens américains, des citoyens qui ne sont pas des islamophobes bornés.

Ils ne peuvent pas rejeter ce sentiment du revers de la main sous prétexte qu’il serait irrationnel. Il n’est pas bêtement irrationnel. Il s’explique.

Il découle d’une sensibilité humaine liée à un événement exceptionnel. Un événement traumatisant qui, de surcroît, s’est déroulé il y a à peine neuf ans, autant dire hier.

Le malaise est parfaitement compréhensible. Voilà pourquoi, dans le contexte actuel, à deux pas de Ground Zero, ce projet ne constitue pas une bonne idée.

Les «rationalistes» devraient en tenir compte plutôt que de prendre tous les opposants de haut.

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