Ground Zero Mosque: An Election Issue

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Harry Reid, numéro un des démocrates au Sénat, s’est désolidarisé d’avec le président Barack Obama, qui a défendu la semaine dernière la légitimité de la construction d’une «mosquée» à proximité de Ground Zero.

(New York) Environ 4 000 km séparent Ground Zero du Nevada, État du sud-ouest américain où les mormons sont plus nombreux que les musulmans. Et pourtant, le projet de construction d’un centre communautaire islamique près du lieu des attentats du 11 septembre 2001 à New York est devenu un enjeu dans la course sénatoriale qui s’y déroule en vue des élections de mi-mandat.

Lundi, la candidate républicaine, Sharron Angle, a mis son adversaire démocrate au défi de faire connaître son opinion sur ce projet controversé. «En tant que chef de la majorité, Harry Reid est habituellement le porte-parole du président Obama au Sénat des États-Unis», a-t-elle écrit dans un communiqué. «Or il est demeuré silencieux sur cette question. Reid a la responsabilité de se lever et de dire non à la mosquée de Ground Zero ou de se ranger dans le camp du président Obama – cette fois-ci, contre les familles des victimes du 11 septembre. L’Amérique attend.»

L’Amérique n’a pas attendu très longtemps. Quelques heures après la publication du communiqué de la candidate républicaine, le porte-parole du sénateur Reid a fait savoir que son patron s’opposait à la construction d’une «mosquée» près de Ground Zero. Ce faisant, le numéro un des démocrates au Sénat s’est désolidarisé d’avec le président Obama, qui avait défendu quelques jours plus tôt la légitimité de la construction de ce lieu de culte.

À moins de trois mois des élections de mi-mandat, l’affrontement entre Sharron Angle et Harry Reid autour de la soi-disant mosquée de Ground Zero se répète dans plusieurs États américains, où les républicains délaissent momentanément leur thème de prédilection – l’économie – pour tenter de fragiliser leurs adversaires démocrates en évoquant un projet qui suscite l’opposition de 68% de l’électorat américain, selon un sondage récent.

Ce débat, qui couvait depuis plusieurs semaines aux États-Unis, a atteint un point d’ébullition à la suite d’une déclaration du président Obama lors d’un dîner de ramadan qui a eu lieu vendredi à la Maison-Blanche.

«En tant que citoyen, en tant que président, je crois que les musulmans ont le même droit de pratiquer leur religion que quiconque dans ce pays. Cela comprend le droit de construire un lieu de culte et un centre communautaire dans une propriété privée dans le sud de Manhattan», a-t-il déclaré en rappelant que l’engagement des États-Unis en faveur de la liberté de culte était «inaltérable».

Au cours des jours suivants, plusieurs dirigeants républicains ont dénoncé la déclaration du président démocrate. Le sénateur du Texas John Cornyn y a notamment vu la preuve que le chef de la Maison-Blanche est «déconnecté» de la population. Selon lui, les électeurs n’auront ni oublié ni pardonné sa prise de position en novembre.

En attendant, les républicains ne semblent pas craindre d’être accusés de démagogie ou d’intolérance en attaquant l’islam ou les musulmans. Cet extrait d’un communiqué diffusé par un candidat républicain à la Chambre des représentants en Virginie donne une idée de la teneur du débat: «Ground Zero est un lieu sacré pour les Américains. Pensez-vous que les musulmans permettraient la construction d’un temple juif ou d’une église chrétienne à La Mecque?»

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