La génération “GovLoop” : une arme pour Obama?
Par Jean-Sébastien Stehli le 12 août 2010 17h24 | 36 Commentaires
Une drôle de chose est en train de se produire aux États-Unis, une révolution silencieuse que personne n’a encore enregistrée, mais dont les conséquences sur la société américaine se feront sentir pendant le demi siècle à venir.
Dans les quatre prochaines années, près de 500.000 fonctionnaires, enfants du baby boom, vont partir à la retraite. Arrivés avec John F. Kennedy qui appelait ses concitoyens à se demander ce qu’ils pouvaient faire pour leur pays et non ce que leur pays pouvait faire pour eux, ces fonctionnaires ont participé à la course à la lune, créé le Peace Corps ou mis en place les programmes lancé par JFK et son successeur, Lyndon Johnson dans le cadre de sa Great Society. Rien que cette année, le gouvernement va engager 60.000 nouveaux fonctionnaires. L’année dernière, ce sont 142.690 fonctionnaires qui sont arrivés. Plus de 30% avaient 29 ans ou moins, et 25% avaient entre 30 et 39 ans. C’est un changement profond qui se prépare.
Dans les 10 ans à venir, 400.000 fonctionnaires fédéraux sur les deux millions auront moins de 35 ans. Ils sont aussi plus diplômés que leurs aînés et ont souvent eu une expérience dans une ONG ou une fondation. C’est cette génération qui, pour une grande partie, a porté Barack Obama à la Maison-Blanche. C’est donc un changement profond qui se prépare. Surtout que le gouvernement essaie de rapatrier dans son giron des missions qui, ces dernières années, étaient assumées par des consultants extérieurs, notamment dans les secteurs de la santé, de la défense et de ce qui est regroupé sous le titre de “sécurité”, i.e., ce qui touche à la sécurité intérieure du pays. Par exemple, dans la période 2010-2012, le secteur de la santé aura besoin de 54.114 fonctionnaires (médecins, infirmières, radiologues, sécurité des consommateurs, etc.), celui de la sécurité, 52.000. En plus, la crise économique profonde qui voit le taux de chômage rester autour de 9,3%, rend la bureaucratie nettement plus attractive. Nombre de jeunes adultes de talents qui, en d’autres temps, seraient allés dans le secteur privé, considèrent d’un autre oeil la fonction publique.
Ces nouveaux fonctionnaires idéalistes et technophiles savent s’organiser. Par exemple, ces fonctionnaires de l’ère digitale ont créé leur propre réseau social, à la manière de Facebook, GovLoop. Il compte aujourd’hui 32.000 adhérents qui se parlent, échangent des idées, se retrouvent lors de conférences comme Next Gen, il y a quelques semaines, dans la banlieue de Washington.
En même temps qu’elle pourrait changer la société, la génération Obama transforme le monde de la bureaucratie. Au lieu d’un choix de carrière un peu terne, les adhérents à GovLoop sont entrain de réussir ce tour de force : pour la première fois depuis JFK, le service public est à nouveau cool. Les temps décidément changent.
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