Le retour des GI’s au bercail et des affirmations brumeuses sur le devenir de l’Irak. Tel était samedi le message du Président américain Barack Obama à trois jours de la fin des missions de combat des forces américaines en Irak. Il a en effet estimé que l’Irak pourrait “tracer sa propre voie”. Et il a assuré aux Américains la présupposée bonne nouvelle. Le départ programmé des troupes honore l’une de ses majeures promesses de campagne : mettre fin à la guerre en Irak. Il a déclaré dans son allocution hebdomadaire radiophonique que “la guerre s’achève”.
“Mardi, a-t-il dit, après plus de sept ans, les Etats-Unis d’Amérique mettront fin à leur mission de combat en Irak et feront un grand pas en avant vers un arrêt, dans un esprit responsable, de la guerre d’Irak. En tant que candidat à ce poste, j’ai promis de mettre fin à cette guerre. En tant que président, c’est ce que je fais”.
En fait, c’est un avant-goût de ce qu’Obama devrait dire demain lors de l’allocution télévisée qu’il prononcera dans le bureau ovale de la Maison-Blanche sur le retrait d’Irak. Fait symbolique, auparavant, le Président américain aura rendu visite aux troupes américaines à Fort Bliss, au Texas.
A bien y voir, l’Irak s’invite encore une fois au centre des enjeux électoraux américains. Les élections de mi-mandat auront lieu début novembre. Les démocrates risquent d’y perdre des sièges, et peut-être même leur majorité dans l’une ou dans les deux chambres du Congrès. On saisit dès lors le souci de la Maison-Blanche de faire valoir les points forts de la présidence Obama.
Intérieurement, l’enjeu est perdu d’avance. La croissance américaine fait du surplace dans le ralentissement. Le taux du chômage ne baisse guère sous la barre des 10%. Pour les stratèges du sérail, rien ne vaut la réalisation d’une grande promesse de campagne en politique étrangère pour détourner les électeurs du spectre des difficultés socioéconomiques internes. Et puis, dans l’opinion américaine, l’Irak a bon dos. Elle a toujours été majoritairement hostile à la guerre en Irak.
Obama s’y investit donc à loisir. Il rappelle à tout bout de champ que plus de 90.000 soldats ont été rapatriés d’Irak depuis qu’il a été investi président. Il martèle également que les Irakiens ont pris le contrôle des opérations de sécurité dans différentes provinces du pays : “Dans les mois à venir, nos troupes continueront à soutenir et à entraîner les forces irakiennes, à épauler les Irakiens dans les missions de lutte contre le terrorisme. Mais l’essentiel, c’est cela: la guerre prend fin. Comme tout autre pays souverain et indépendant, l’Irak est libre de tracer sa propre voie. Et d’ici la fin de l’année prochaine, l’ensemble de nos troupes sera de retour au pays.”
Ce disant, Obama procède par omission. Pas plus tard que le mercredi 24 août, au moins 62 Irakiens ont été tués dans des attentats-suicide et des attaques visant précisément les forces de sécurité irakiennes. Politiquement, on n’est pas sorti de l’auberge de la discorde paralysante. Plus de cinq mois après les élections, la classe politique irakienne n’arrive toujours pas à former un gouvernement. Le pays est au bord d’une nouvelle vague de violences meurtrières. Toutes les forces internationales et régionales y ont pris pied, via un grenouillage vicieux et éhonté des communautés, des institutions, des partis et même des associations à vocation humanitaire.
Et puis il faut bien se fier aux évidences. Tôt ou tard, l’Irak finira par rattraper toute la classe politique américaine, sans distinction de chapelle. Les contrecoups pervers du coût matériel, social et humain de la guerre vont s’amplifiant. Ils officieront comme une profonde source d’angoisse et de désarticulations intra-américaines.
Invoquer dès lors l’Irak pour conforter la politique intérieure équivaut à introduire le loup dans la bergerie.
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