Auto-da-fé

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Un petit groupe fondamentaliste installé en Floride envisage de brûler publiquement des exemplaires du Coran à l’occasion du 9e anniversaire des attentats du 11-Septembre. Cette initiative provoque des réactions venant du monde entier. Les mises en garde de dignitaires musulmans ne se sont pas fait attendre. L’Iran a prévenu que la réalisation de ce projet provoquerait des réactions « incontrôlables ». Refusant d’entrer dans le jeu des surenchères, le secrétaire général de la Ligue arabe a dénoncé le projet d’un « fanatique ». De son côté, la Maison-Blanche a exprimé son « inquiétude » pour un geste qui ne peut que nourrir le sentiment antiaméricain dans le monde musulman et faire peser des menaces supplémentaires sur les militaires engagés en Afghanistan. Dans le même sens, le secrétaire général de l’Otan a condamné un geste qui « risque d’avoir des conséquences néfastes sur la sécurité de nos troupes ».

Il n’est pas sûr que ces arguments feront entendre raison à la cinquantaine de membres du si mal nommé « Dove World Outreach Center » (« Centre colombe pour aider le monde »). Pourtant, même s’il ne mettait en péril la vie d’aucun soldat, l’autodafé d’un Coran serait tout aussi insupportable. C’est pourquoi au Vatican, le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a exprimé sa « préoccupation » au nom de la liberté religieuse. Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, et Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, ont chacune condamné l’intention en se situant dans un registre proche : celui du respect dû aux croyances religieuses. Ce n’est pas sans raison. Les démocraties occidentales sont fondées sur la liberté de conscience – et de toutes les consciences : le manque de respect à l’égard de toute confession religieuse ou croyance est déjà une remise en question de ce droit fondamental. Respecter et faire respecter les textes et les symboles religieux, s’opposer à la destruction d’un Coran comme d’une Bible, c’est refuser de voir les fanatiques, qui sont parfois proches de nous, voire parmi nous, fouler au pied la liberté fondamentale de croire et de pratiquer son culte, liberté qui fonde toutes les autres.

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