Jeudi à Washington, Israéliens et Palestiniens entameront des négociations directes de paix sous l’égide et l’impulsion du président étasunien Barack Obama. Après plus de soixante ans de conflit, toute chance donnée à la paix devrait être applaudie des deux mains. Mais faut-il vraiment se réjouir de l’initiative étasunienne? Le succès peut-il être au rendez-vous?
Le doute semble plus que permis, car l’équation de base comporte trop de biais. A commencer par la «sincérité» affichée du côté israélien: hier, en fixant les principes d’un accord, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en avant l’impératif respect de la sécurité d’Israël et la reconnaissance du caractère juif de cet Etat, excluant par là tout droit au retour des réfugiés palestiniens. En revanche, sur la fin de la colonisation, pré-requis incontournable, pas un mot hier. Alors que le gouvernement actuel est l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, le premier ministre fera tout pour louvoyer sur cette question très sensible. Et malgré les discours d’Obama, ce dernier n’a pas prouvé jusqu’à présent qu’il comptait imposer cette condition à son allié.
Plus généralement, les détracteurs du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pensent qu’il se fera manger tout cru à la table des négociations. Alors qu’il veut ouvrir des discussions de fond (frontières, Jérusalem, partage de l’eau…), peut-on s’attendre à des concessions majeures de la part des Israéliens? Abbas cherche à rassurer des Palestiniens désabusés, en assurant qu’il faut saisir toute opportunité de paix. Cela ressemble davantage à un aveu d’échec anticipé qu’à la foi en ses capacités à arracher un accord juste.
Il faut dire que la légitimité du dirigeant de la Cisjordanie pour négocier prête de toute façon à caution. Comment l’interlocuteur des Israéliens pourrait-il donner des gages de paix au nom d’une Palestine déchirée, physiquement et politiquement? Imagine-t-on vraiment que le Hamas accepte les termes d’un accord dont il aura été exclu, alors que les islamistes ne reconnaissent déjà pas l’Etat hébreu? D’ores et déjà, à Gaza, est entamé le refrain selon lequel Abbas est le jouet des Etats-Unis.
Ceux-ci, avec l’appui de l’Egypte et de la Jordanie, se donnent un an pour qu’une solution au conflit israélo-palestinien soit trouvée. On aimerait y croire…
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