A Limited Knowledge of World History

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Terry Jones est en train de donner le frisson à la planète tout entière. Ce pasteur, qui chaperonne une obscure église de Floride, menace depuis quelques jours, de brûler en public des exemplaires du Coran. Il a fourbi ses allumettes pour le 11-Septembre, date anniversaire des terribles attentats d’Al-Qaida.

Drôle de « pasteur », qui ne doit avoir qu’une idée très approximative de l’histoire du monde. Il ignore sans doute que ce sont les inquisiteurs du Moyen âge qui ont inauguré la pratique de l’autodafé. Et qu’à l’occasion, ils jetaient en même temps dans le bûcher un hérétique ou un juif, histoire de les purifier. On ne lui a sans doute pas enseigné non plus que les nazis ont été des grands incendiaires de livres, dans les années trente. Un siècle plus tôt, habité d’une stupéfiante intuition, le poète juif allemand Heinrich Heine promettait : « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ». Avait-il vu venir le temps maudit des crématoires ?

Tout cela n’ébranle pas vraiment le pasteur Jones. Mais cela ébranle le monde. Aux USA, Barack Obama explique tout simplement qu’une telle initiative serait une aubaine pour le recrutement d’Al-Qaida. La quasi-totalité des responsables politiques, religieux et associatifs condamnent ce projet. Mais le premier amendement de la Constitution empêche que l’on interdise son petit feu de camp à cet allumé fondamentaliste.

Alors, évidemment du côté du monde musulman, on vit très mal cette provocation d’une rare imbécillité. De Kaboul à New Delhi en passant par Djakarta monte un concert de protestations et de menaces… que les Américains prennent très au sérieux.

En France, le recteur de la Mosquée de Paris Dalil Boubakeur conseille fort intelligemment de ne pas tomber dans le panneau. Il n’empêche : voilà une illustration de l’effet papillon – les caprices d’un intégriste irresponsable pourraient peut-être provoquer des centaines de morts…

Le hasard, malicieux, veut qu’au monde, il y ait un autre Terry Jones, beaucoup plus célèbre. Un artiste, acteur et réalisateur, membre des célèbres Mont Python. Terry Jones, avec Terry Gilliam, a notamment tourné « Sacré Graal » ou une parodie du nouveau Testament : « La vie de Brian ». Dont la dernière scène présente des crucifiés, qui entonnent joyeusement une chanson malgré la torture.

Ce Jones-là nous dit que l’humour et l’amour peuvent triompher du fanatisme. Et de la bêtise.

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