A Cursed Date

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Est-ce que la date du 13 février a quelque chose de particulier ? Pour la plupart d’entre nous, non. Pas plus d’ailleurs que le 6 août. Pourtant, le 13 février 1945, le bombardement de Dresde a causé la mort de 35 000 personnes. Et le 6 août de la même année, la première bombe atomique explosait à Hiroshima : plus de 70000 victimes…

En revanche, dès que l’on formule la date du 11-Septembre, deux tours en feu se dressent et puis s’écroulent dans notre esprit.

Depuis les attentats du World Trade Center et leurs 3000 morts, chaque 11-Septembre est vécu comme une journée particulière, à la fois maudite et sacrée, une journée dont on aurait voulu qu’elle n’existe jamais. Et qui a profondément changé l’Histoire.

Après la Guerre Froide, on aurait pu espérer une longue période de paix. Al-Qaïda a signifié aux Américains, et de la pire des manières, que leur manie d’allumer des pétards aux quatre coins du globe sous prétexte d’assurer leur sécurité était une méthode à haut risque. La CIA a cru pouvoir téléguider la planète depuis Washington, quitte à livrer des nations aux dictateurs : qui se souvient d’un autre 11 septembre, celui où Pinochet a réglé son compte à la démocratie chilienne ?

Mais l’Amérique du Sud n’a ni les moyens, ni le fanatisme féroce d’Al-Qaida qui a fait payer cher les bavures du « grand Satan » dans les pays arabes. Désormais, les guerres idéologiques ont cédé le pas aux affrontements des extrémistes religieux. Depuis le 11-Septembre, ce sont des fous de Dieu, qui à Washington ou Karachi, à Kaboul ou dans les églises de la Floride, jouent avec des allumettes.

La seconde raison pour laquelle le 11-Septembre est à ce point encré dans nos esprits, c’est que cette catastrophe a été vécue en direct, minutes par minutes, sur la planète entière. Et que tout un chacun a pu se l’approprier pour le meilleur et pour le pire. Nous n’avons pas eu le temps de prendre de distance avec ce drame. Il a été immédiatement absorbé, digéré, et surtout recraché par internet. Théorie du complot, rumeurs, fausses informations, mythes, délires se sont immédiatement greffées sur cet événement, étouffant la voix des historiens. Ces tours martyrisées ont plongé le monde dans la bouillie et la fumée des mots et des images non contrôlées. C’est sans doute en cela que cette tragédie marque notre entrée dans le XXIe siècle, en conjuguant désinformation, haute technologie et haute cruauté. Vraiment, une date maudite.

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