Two Against One in Israel-Palestine Negotiations

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C’est aujourd’hui que s’ouvre à Charm El Cheikh (Egypte) le deuxième round des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne. Des négociations ouvertes il y a quinze jours à Washington et dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles n’ont laissé aucune impression d’avoir été un moment historique. Ni même un faux moment historique comme l’ont été les accords de Camp David, il y a dix ans. Les Palestiniens continuent d’exiger le gel des constructions israéliennes en Cisjordanie occupée.

Les Israéliens insistent à faire reconnaître par les Palestiniens Israël comme «Etat du peuple juif». Nonobstant tous les autres points des négociations, ces deux conditions à elles seules bloquent toute avancée significative. Pourtant, les négociations se poursuivent. Elles se poursuivront encore. Obama a comme préoccupation les élections de mi-mandat, prévues dans deux mois, que les démocrates ont de fortes chances de perdre s’ils ne font pas l’effort de paraître plus pro-israéliens que les républicains. Netanyahu le sait. Mahmoud Abbas aussi. Pourtant, les négociations se poursuivent. La partie israélienne est convaincue qu’un accord obtenu avec Mahmoud Abbas restera toujours hypothéqué par l’opposition des Palestiniens représentée par le Hamas. Pourtant, les négociations se poursuivent et se poursuivront encore. Obama pense que pour aboutir à un accord, les négociations devront durer une année. Il n’en faut pas plus pour comprendre la position de Mahmoud Abbas dont le mandat à la tête de l’Autorité palestinienne prend fin à la fin de l’année. Il sait que les Etats-Unis et Israël n’ont pas intérêt à voir le Hamas l’emporter et d’étendre son autorité de Ghaza à la Cisjordanie. Surtout quand on a en mémoire les liens supposés du Hamas avec l’Iran. Israël joue sur les deux tableaux. Il accepte la table des négociations pour arranger Obama à qui il présentera la «facture» aussitôt après. Il accepte de continuer à rencontrer Mahmoud Abbas pour maintenir ce rempart contre l’Iran via le Hamas.

Tout en jouant sur les différends qui opposent les Palestiniens entre eux ainsi que sur la division des pays arabes pour leur faire endosser la responsabilité de l’échec d’un accord sur le principe des «deux Etats». Les négociations se poursuivront donc mais ni dans l’intérêt des Palestiniens ni dans celui du monde arabe en général. Et pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus, il suffit de rappeler cette évidence: dans une table à trois, où les Etats-Unis ne cessent de proclamer leur soutien indéfectible à Israël, comment peut-on croire un seul instant que la partie palestinienne puisse espérer un accord équitable? Il aurait fallu pour cela une configuration que seule la période des deux blocs pouvait permettre. Comme l’ultimatum de Boulganine (chef de l’Etat soviétique) en 1956 qui a fait reculer la coalition franco-britannico-israélienne dans l‘attaque de Suez. En clair, il aurait fallu deux superpuissances des deux cotés de la table pour espérer parvenir à un accord de paix juste et durable. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est dans une partie à deux contre un que Mahmoud Abbas s’est engagé. Il ne faut pas être surdoué pour deviner la suite.

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