Pakistan: Uncomfortable Ally for Washington

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Le Pakistan, un allié inconfortable pour Washington

Pour les Etats-Unis, empêtrés dans le conflit afghan, le Pakistan n’a jamais été un allié commode. Depuis 2001, les relations entre les deux pays ont connu des hauts et des bas. Jamais, cependant, il n’avait été aussi clair que les intérêts de Washington et d’Islamabad dans la guerre en Afghanistan divergent du tout au tout. Les récents incidents – la plupart se sont déroulés à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan – viennent d’en faire la preuve.

Vendredi, c’est toutefois dans le sud du pays qu’un groupe d’hommes armés a incendié vingt-sept camions acheminant du carburant et des équipements destinés aux soldats de l’Otan en Afghanistan. Les véhicules étaient garés sur un parking à 400 kilomètres du port de Karachi, où débarquent les marchandises destinées à l’Otan. Elles transitent ensuite par la passe de Khyber, au nord-ouest du pays. C’est la première fois que des camions de l’Otan sont attaqués dans cette région.

Or, depuis jeudi, les autorités pakistanaises bloquent le trafic des convois de ravitaillement des forces de l’Otan stationnées en Afghanistan dans la passe de Khyber. La décision est tombée en représailles à une quatrième frappe en une semaine par des hélicoptères de la coalition en territoire pakistanais, dans la Zone tribale du Waziristan du Nord. Elle a tué trois soldats pakistanais.

Les Américains se sont toujours réservé le droit de « hot pursuit », celui de pourchasser des rebelles jusqu’au Pakistan si nécessaire. Et selon plusieurs services de renseignement occidentaux, il y avait urgence : des attentats en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, et sans doute aux Etats-Unis, se mijotaient au Waziristan du Nord. Plus grave, la radio américaine NPR a indiqué vendredi qu’Oussama ben Laden en personne en aurait été l’instigateur. Le chef d’Al-Qaïda aurait envoyé des instructions précises aux militants islamistes, leur demandant d’orchestrer une série d’attaques sur le modèle de celles de Bombay, le 26 novembre 2008. Un groupe de feddayin débarqués du Pakistan avaient pris en otage la capitale économique et financière de l’Inde trois jours durant, faisant près de 200 morts.

En bloquant à Torkham, au bout de la passe de Khyber, le ravitaillement destiné aux forces de l’Otan en Afghanistan, les Pakistanais savent qu’ils étranglent la coalition : 80% des marchandises passent par le Pakistan, et l’Otan a bien du mal à trouver une autre route en Asie centrale. Richard Holbrooke, le représentant spécial de l’administration Obama pour l’ « Af-Pak », a jugé vendredi « inconcevable » qu’Islamabad ne lève pas rapidement son blocus.

Depuis 2001, Washington a versé près de 10 milliards de dollars au Pakistan pour son « effort de guerre ». Une aide non-militaire de 7,5 milliards sur cinq ans a été consentie il y a un an. Il n’empêche. Les autorités pakistanaises semblent bien déterminées à affirmer la souveraineté du pays, qu’elles jugent bafouée par les frappes à l’aide de drones, et maintenant d’hélicoptères, sur les Zones tribales. Dans un discours au Parlement, le Premier ministre pakistanais Yusuf Raza Gilani, s’est solennellement engagé à ce qu’elle « ne soit pas écornée ». Mais que représente aujourd’hui le gouvernement civil d’Islamabad ? Discrédité par sa mauvaise gestion des inondations du mois d’août – et pas seulement -, il est sous le feu des critiques des Pakistanais.

Le chaos politique dans lequel est en train de sombrer le Pakistan est une autre source d’inquiétude pour Washington. D’autant que nombre d’analystes pakistanais, relayés par les médias, n’hésitent pas à agiter le spectre d’un coup d’état militaire.

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