C’est non sans mal que Barack Obama a promulgué au printemps 2010 une loi historique visant à étendre à terme la couverture santé à 32 millions d’Américains supplémentaires. Dix ans après l’entrée en vigueur en France de la loi créant la couverture maladie universelle, les États-Unis ont donc fait aboutir, dans un climat de controverses et de polémiques, le projet-phare de leur nouveau président. Didier Tabuteau, conseiller d’État et responsable de la chaire de santé de Sciences-Po à Paris et Victor Rodwin, professeur en gestion et politique de santé à la Wagner School of Public Service à l’université de New York, ainsi qu’à l’université Paris Sud, ont choisi ce moment-clé de l’histoire sociale américaine pour s’interroger sur l’évolution des systèmes de santé américain et français.
Dans leur livre À la santé de l’oncle Sam*, ils rappellent que “depuis le début des années 1980, le système français donne l’impression d’être l’objet d’une réforme permanente qui n’aboutit jamais”. Lois et plans se sont succédé et si cela a conduit à un changement en profondeur, le déficit de l’Assurance maladie ne cesse de croître. Ironie de l’histoire, précisent-ils, c’est au même moment que la réforme Obama tend à renforcer le rôle de l’État fédéral pour augmenter la solidarité et, parallèlement, pour maîtriser l’augmentation des dépenses de santé.
L’indispensable solidarité
Concernant la lutte contre les gaspillages, les abus et les fraudes, ils estiment que, “contrairement aux objectifs affichés, il est peu probable que la réforme parvienne à maîtriser l’évolution des coûts de la santé aux États-Unis”. Pour cela, écrivent ces deux professeurs en politique publique de santé, il faudra, comme en France, d’autres mesures. Et surtout, il sera nécessaire d’affronter un jour la question sous-jacente et pourtant cruciale : “Pourra-t-on indéfiniment assurer le remboursement de tout, en toutes circonstances ?” Un sujet pour l’instant toujours tabou…
Néanmoins, après de très nombreux échanges et débats, Didier Tabuteau et Victor Rodwin sont d’accord. Ils partagent la même conviction concernant l’importance des réformes en cours ainsi que l’indispensable solidarité qui doit régir la protection de la santé dans nos pays. Ils espèrent que leur “radioscopie” de la santé publique et de l’assurance maladie aux États-Unis et en France “aidera les lecteurs à déceler des éléments d’analyse qui ne sont visibles qu’au scanner ou à l’IRM !”
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