Can Obama Save the Democrats?

<--

Devant quelque 10 000 personnes réunies au Convention Center de Portland, Barack Obama a tenté de faire passer un message clair, mercredi 20 octobre. “Les républicains pensent que vous allez oublier, parce que vous êtes en colère, a-t-il lancé. Mais cette élection ne doit pas être celle de la colère, ni celle de la peur. Cette élection doit être celle du choix, et les enjeux ne pouvaient pas être plus importants.”

Conscient que les deux dernières semaines avant le scrutin seront cruciales, le président a prévu un planning chargé : meetings de campagne dans cinq Etats, soirées de levée de fonds et réunions de quartier, sans compter une apparition assez attendue dans le Daily Show prévue la semaine prochaine.

Le but avoué est de mobiliser l’électorat qui l’a porté à la Maison Blanche en 2008, jeunes et femmes en tête. “Notre mission dans les deux dernières semaines est de motiver les gens et de leur faire comprendre qu’il y a de vrais enjeux dans cette élection, donc qu’il est important de participer”, a expliqué son conseiller David Axelrod.

La première étape sera la côte Ouest, bastion démocrate où plusieurs sénateurs et gouverneurs sortants sont en mauvaise posture. Le gouverneur de l’Oregon, John Kitzhaber, contraint à jouer les prolongations par un ancien joueur de la NBA, mais surtout les deux sénatrices de Washington et de Californie, Patty Murray et Barbara Boxer.

La victoire dans ces deux scrutins, considérée comme acquise il y a encore quelques temps, sont cruciales pour la Maison Blanche. Les républicains disposent de 41 sièges sur 100 au Sénat et ont besoin de remporter sept des huit scrutins où le sortant est un démocrate pour en prendre le contrôle. Des succès républicains en Californie et dans l’Etat de Washington seraient annonciateurs d’un véritable désastre électorale pour les démocrates.

En Oregon et en Californie, comme dans le Nevada où le leader démocrate au Sénat Harry Reid est légèrement devancé, la situation économique est le sujet central de l’élection. Un sondage Bloomberg réalisé au début du mois d’octobre rapporte que le chômage est la préoccupation majeure pour la moitié de l’électorat américain. La tendance est encore plus importante dans ces trois Etats où les déficits s’envolent et le taux de chômage dépasse le niveau national de 9,6 %.

Dans une analyse de ce scrutin, l’IFOP estime que la perte de confiance des électeurs envers les démocrates s’explique de deux façons : d’abord, l’incapacité à résoudre les problèmes économiques :

Déjà en 2008, dans le contexte de crise économique débutante, la question de l’emploi polarisait l’attention des électeurs. A l’époque, ils faisaient davantage confiance aux démocrates pour rétablir l’économie, ce qui avait fortement contribué à la victoire de Barack Obama. Depuis, la situation s’est retournée et les républicains paraissent désormais plus crédibles.

Mais aussi la popularité exécrable du Congrès, et en particulier des élus sortants :

Le Congrès fait l’objet d’un taux d’approbation particulièrement bas : seuls 21 % des Américains approuvent le travail réalisé (…). Ce mécontentement se reporte logiquement sur ses membres : seuls 9 % des Américains estiment qu’ils “méritent d’être réélus” contre 79 % qui considèrent qu’il faut “donner leur chance à de nouvelles personnalités”.

La “toxicité” d’Obama. Face à cet ensemble de tendances négatives, le Parti démocrate compte bien sur la figure du président pour entamer un redressement. Si l’IFOP prédit que les élections de mi-mandat 2010 ne seront pas “polarisées par la figure du président, qui ne servira ni de totem, ni d’épouvantail”, plusieurs observateurs commencent à se poser la question. En penchant sérieusement pour la deuxième option.

Avec de nombreuses études d’opinion à l’appui, le sondeur Steve Lombardo compare les réformes d’Obama à “un boulet que traîne le Parti démocrate”. En conséquence, “les élus démocrates vont peut-être connaître une défaite historique le 2 novembre”. Lombardo souligne trois facteurs-clés pour soutenir son analyse :

1- Le taux d’approbation du président dans les circonscriptions disputées est toxique. Il est tout simplement en train de tuer les démocrates qui se présentent dans ces circonscriptions.

2- La perception qu’ont les électeurs de la position d’Obama sur un certain nombre de dossiers cruciaux est épouvantable.

3- Obama a perdu les électeurs indépendants pendant l’été 2009 avec sa réforme de l’assurance-maladie et il ne les a JAMAIS récupérés.

Real Clear Politics rapporte des exemples concrets de cette “toxicité” d’Obama. Le site raconte les rapports de force dans trois circonscriptions – la 24e de Floride, la 4e du Colorado et la 16e de l’Ohio – contrôlées par les démocrates depuis 2008. Dans les trois cas, les élus ont voté à la dernière minute en faveur de la réforme de l’assurance-maladie après avoir longuement tergiversé. Dans les trois cas, ils sont donnés perdants. “La règle, conclut l’auteur, semble être qu’un vote pour l’ObamaCare est synonyme de fin de carrière politique.”

About this publication