The Iraq War Was a Colossal Aberration

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La guerre d’Irak a été un immense égarement

LUIS LEMA

Certains ont dû avoir du mal à trouver le sommeil ces dernières nuits. Des militaires américains et britanniques aux responsables politiques irakiens, en passant par les mercenaires à l’œuvre à Bagdad, nombreux étaient ceux qui savaient combien l’exposition de pareille quantité de linge sale allait se révéler dévastatrice. Les démentis officiels n’y peuvent rien : la montagne de documents publiée par le site d’information WikiLeaks est un événement aussi embarrassant que radical. La guerre d’Irak n’a pas connu quelques dérapages regrettables – comme les détentions à Abou Ghraib – avant de se terminer en fanfare avec la victoire des alliés. Elle a été elle-même, dans son ensemble, une immense folie.

Des civils irakiens tués par dizaines de milliers ; une privatisation de la guerre qui est devenue une menace supplémentaire pour les habitants ; des scènes de torture et des exécutions menées par les autorités irakiennes et couvertes, au moins passivement, par les Américains. Puis des pillages, des enlèvements, des actes d’épuration ethnique et des meurtres crapuleux en cascade. Enfin le déchaînement sanglant des forces soutenant Al-Qaïda, celles-là même que les Américains disaient être venus combattre mais qui n’existaient jusqu’alors que dans l’imagination et les mensonges des va-t-en-guerre.

Ce déballage a de quoi donner des munitions quasiment inépuisables à tous ceux qui estiment le bilan de cette guerre refermé trop hâtivement.

Des comptes à rendre ? Ce week-end, déjà, la pression montait sur l’administration Obama pour qu’elle ne tourne pas le dos, une nouvelle fois, à ces agissements répréhensibles, dont elle se fait la complice par inaction.

Des leçons à tirer ? Lors de futures guerres, les militaires ne pourront plus, ne devront plus, se retrancher derrière un manque présumé d’informations pour éviter de détailler, en temps réel, les conséquences de leurs actions. Et, surtout, il y a une autre leçon, qui sonne comme une terrible mise en garde : la victoire, en Irak, n’a pas été acquise grâce à la stratégie militaire, mais par une exténuation générale, par de trop nombreux bains de sang, par le fait de côtoyer l’enfer. Une leçon à méditer en Afghanistan.

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