Aux États-Unis, les publicités politiques envahissent la télévision
Dans une semaine, les Américains iront aux urnes pour élire députés et sénateurs
Aux États-Unis, l’automne est la saison des sueurs froides. Au pied des arbres rougeoyants, citrouilles et fantômes sont de sortie. Dans quelques jours, les Américains, grands et petits, joueront à se faire peur pour Halloween.
Mais ce n’est pas tout : car tous les deux ans, début novembre, le pays élit son Congrès, et les écrans de télé sont alors envahis de publicités présentant les candidats adverses sous leurs traits les plus inquiétants. Plus encore cette année, depuis que la Cour suprême a reconnu, début janvier, aux organisations, quelles qu’elles soient, le droit de s’offrir une publicité appelant directement à voter pour ou contre un prétendant à un siège à Washington.
À ce jeu de la peur, les habitants de l’Indiana sont particulièrement bien lotis. Entre les traditionnels messages vantant une marque de brosse à dents ou un traitement contre l’hypertension, les attaques politiques déferlent sur leurs écrans.
Teintes sombres et une musique à faire trembler
Côté républicain, on fait du candidat démocrate au Sénat, Brad Ellsworth, un danger pour tout retraité à la santé fragile. « Brad Ellsworth a promis de protéger les seniors, mais quand il est arrivé à Washington comme député, il a voté la réduction la plus importante dans l’histoire du programme Medicare », lance une voix féminine, alors qu’enchaînent en noir et blanc les images du méchant élu et celles de personnes âgées, dont on voit de dos la démarche hésitante. « C’est mal », conclut la voix off, sur fond de musique sinistre.
Côté démocrate, on n’est pas en reste, et le républicain Dan Coats apparaît comme un homme d’affaires sans scrupules, qui pourrait même être proche du réseau terroriste d’Oussama Ben Laden… « Dan Coats a travaillé plusieurs années comme lobbyiste et a gagné des millions en apprenant aux chefs d’entreprise américains à licencier leurs salariés et en plaidant la cause du Yémen, pays qui sert de refuge à Al-Qaida », assure une publicité utilisant les mêmes procédés que l’autre camp, avec des teintes sombres et une musique à faire trembler.
Les dollars tombent dans les agences de pub
Si le ton monte, c’est que l’Indiana est l’un des États clés de la campagne. Pour les républicains, qui espèrent reconquérir la majorité au Sénat, la route de Washington passe par ces plaines fertiles. Ils doivent arracher une dizaine de sièges aux démocrates, sur les 37 qui seront remis en jeu le 2 novembre, dont celui détenu par Evan Bayh.
Cette figure montante du Parti démocrate a décidé, en janvier, de jeter l’éponge : il a annoncé ne pas briguer un nouveau mandat, accusant le Congrès d’être rongé par l’idéologie, au détriment du bon sens. Ce départ a ouvert un boulevard aux républicains, d’autant que l’Indiana est un État traditionnellement républicain.
Du coup, les dollars tombent dans les agences de pub, et les écrans publicitaires déferlent. La Chambre de commerce américaine – équivalent du Medef –, très remontée contre l’administration Obama, est entrée dans la danse, grâce à l’arrêt de la Cour suprême. Car jusqu’à présent, une organisation à but commercial ou non lucratif pouvait diffuser une publicité à message politique mais n’avait pas le droit d’en appeler directement à la victoire ou à la défaite d’un candidat dans un message télévisé.
122 millions d’euros ont déjà été dépensés
La Chambre de commerce – et elle n’est pas la seule – s’est engouffrée dans cette brèche et multiplie les efforts pour se débarrasser des élus gênants. Elle a ainsi directement attaqué Brad Ellsworth, accusé d’avoir voté en faveur d’importantes dépenses gouvernementales, avec ce slogan : « Dites à Ellsworth que l’Indiana n’a pas les moyens de cette politique. »
Des moyens, l’organisation patronale en a : elle compte dépenser – dans 93% des cas en faveur d’un candidat républicain – entre 36 et 54 millions d’euros à l’occasion des élections – contre 28 millions en 2008.
De manière générale, d’après le Center for Responsive Politics, une ONG à Washington qui étudie le financement de la vie politique, près de 122 millions d’euros ont déjà été dépensés, au niveau national, par des organisations conservatrices pour influencer l’électeur, contre 58 millions par des organisations progressistes.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.