Obama rit jaune et jeune
Par Véronique Saint-Geours le 28 octobre 2010 10h55
Le «prez» a utilisé le Daily Show, l’émission de l’humoriste politique Jon Stewart pour convaincre son public jeune de 2008 de voter pour les Midterm. Humour mais pas trop, 44th connaît les sondages et sa course de fond est devenue un sprint. Désespéré ?
Barack Obama est le premier président américain à participer au Daily Show de Jon Stewart sur la chaîne câblée Comedy central qui, du lundi au jeudi, produit un show célèbre satirique et politique sur l’actualité en cours. George Bush fut la cible permanente de Jon Stewart et Barack Obama y est venu en 2008 pendant la campagne.
Hier soir, sa prestation combinait rire et sérieux et cherchait à convaincre une cible de plus d’un million de 18/49 ans qui sont devant leur écran vers 23 heures, dont ceux qui avaient voté dans l’enthousiasme pour le premier président noir des USA et qui sont structurellement de faibles voteurs des élections de mi-mandat. Leur a-t-il donné envie de se précipiter aux urnes ? J’espère me tromper.
L’idée d’utiliser une émission satirique pour faire du contre-pied et parler sérieusement est intéressante mais alors il faut peut-être aller jusqu’au bout du ton de l’émission, surprendre par son intelligence du rire et ne pas produire un ton entre les deux où personne ne trouve son compte. Sur des sujets qui fâchent surtout.
Prenons un exemple français sans comparaison directe avec Stewart. Coluche faisant venir un homme politique en pleine campagne, ne l’aurait pas laissé terminer ses phrases et le ton du politique aurait dû être hilarant laissant à l’hôte animateur le soin de dire les choses sérieuses. Mais il ne le faisait pas et faisait le show tout seul. On a aussi l’exemple de Karl Zéro chez à qui peu de politiques osent lâcher les vannes ou le font mal. Un président américain le peut-il ? Si la réponse est non, il ne doit pas y aller. Revenons à l’émission de Jon Stewart. De petites vannes de Barack Obama sur le décor de l’émission «tiens ça me rappelle la convention» ou faisant l’apologie de son conseiller financier en partance, Larry Summers, qui a fait «a heck of a job», imitant un standard de GeorgeW.Bush. Dans le rôle de l’arroseur arrosé, Jon Stewart a peu apprécié : c’est son boulot à lui de faire rire surtout sur W.
Et il l’a ramené dans les clous avec sa réforme santé dont les 90% ont été votés. Restent les 10% les plus importants. Pas content non plus 44th quand Jon Stewart a opposé son audace (cf. son livre «Audacity of Hope») au changement plutôt timide réalisé. Obama s’est même insurgé «j’adore votre émission Jon, mais je ne peux pas accepter ça.»
Un petit retour sur le claim de la campagne 2008 «Yes we can» complété en «Yes we can, but». Allez, tout le monde au meeting organisé à Washington par Stewart et son comparse Steve Colbert. Un Woodstock convivial de la raison sur le Mall ? Obama exprime le regret que ce rassemblement n’ait pas eu lieu il y a deux ans pour remettre la raison au centre du jeu. Des leçons à ceux qui essaient de recoller les morceaux. Décidément on ne riait plus vraiment.
Et les estimations du New York Times continuaient de modeler un paysage pessimiste : le Sénat, oui ; les Représentants, non et les gouverneurs, vraiment non sauf en Californie. Yuppie ?
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