On peut être brillant, travailleur, doué, changer le visage de son pays, réagir avec sang-froid, tenir ses promesses, se battre pied à pied pour imposer des réformes justes, refuser de verser dans le populisme, tendre la main afin d’éviter l’affrontement… Oui, on peut être tout cela et… être sanctionné par ses concitoyens.
La plus grande démocratie du monde vient de remettre en selle des cavaliers républicains qu’elle avait pourtant brutalement désarçonnés lors des midterm de 2006 et de la présidentielle de 2008. Les deux mandats de George W. Bush ont laissé un pays totalement délabré. Il y a seulement deux ans, les républicains étaient jugés responsables de cette situation apocalyptique. On les accusait d’avoir creusé des déficits abyssaux, d’avoir laissé la bride sur le cou à des financiers sans scrupule et sans morale, et, du même coup, d’avoir précipité la plus grave crise économique depuis quatre-vingts ans, d’avoir embourbé l’Amérique dans deux guerres ruineuses et écorné durablement l’image du pays à l’étranger…
Situation ubuesque et, surtout, profondément injuste: Barack Obama est aujourd’hui puni par les responsables de la situation dont il a hérité ! La politique américaine n’en finit d’ailleurs pas de marcher sur la tête. À preuve, cette déclaration de Reuel Marc Gerecht, ancien de la CIA et républicain pur sucre, qui dit tout haut ce que nombre de ses collègues pensent tout bas : « Avec le contrôle de la Chambre [des représentants], on est assurés de tout bloquer pendant deux ans. On gèle tout et on attend de battre Obama [en 2012]. » Les républicains – au moins les plus extrémistes d’entre eux – jouent donc la carte de la paralysie du pays afin de rendre l’actuel président responsable de tout ce qui n’aura pas pu être réalisé et ainsi reprendre le Bureau ovale… Laisser pourrir la situation, dans une période qui nécessite pourtant, de manière impérieuse, une mobilisation de tous les efforts, dans le seul but de reprendre le pouvoir : cette étrange stratégie, cette ambiance de campagne électorale permanente, avec ses coups bas et ses minables calculs partisans, est simplement suicidaire pour le pays. Sans parler de la détestable émergence des ultraconservateurs membres du Tea Party, qui se délectent déjà de la curée qui s’annonce contre le Noir de la Maison Blanche…
Obama n’est pas un prestidigitateur et les Américains ont décidément la mémoire courte. Ou sélective. Après l’élan magique de 2008, le fonctionnement de cette démocratie sans équivalent échappe une nouvelle fois, vu de l’extérieur, à toute logique. Et même si cette sanction est loin d’être catastrophique pour Obama, elle en dit long sur une certaine Amérique…
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