Dans une foule, impossible de ne pas repérer John Boehner, le nouveau leader de la Chambre des Représentants, l’homme qui va succéder à Nancy Pelosi: le teint aux nuances orangées de son visage le signale tout de suite. Son goût pour le bronzage excessif tout au long de l’année lui vaut les plaisanteries de ses collègues et de la presse. Mais Boehner, dont l’autre caractéristique est de pleurer presque à la commande, n’aura plus besoin de son bronzage pour être repéré. Il est désormais la figure de proue du contre-pouvoir Républicain. Son poste de Speaker de la Chambre lui donne des pouvoirs très importants. Et puisque les Républicains et leurs alliés du Tea Party n’ont pas réussi à reprendre le contrôle du Sénat, Boehner va être, pour les deux années à venir au moins, la voix de l’opposition. Une lourde tâche pour un homme dont le seul programme politique a été de s’opposer à tout ce que proposait Obama. Un peu court.
Barack Obama appelant John Boehner le soir de la victoire des Républicains
Time magazine s’est amusé à recenser les fois où Boehner s’est mis à pleurer au milieu d’un discours: Quand il a défendu le plan de sauvetage de Wall Street (mais il n’est pas gêné, aujourd’hui, de reprocher au gouvernement d’être une pieuvre tentaculaire et de transformer l’Amérique en dictature socialiste), lors d’un discours reprochant aux Démocrates d’abandonner les soldats américains en Iraq (mais il n’a aucune honte à avoir voté pour l’invasion de l’Iraq qui a provoqué la mort de 5.000 soldats et laissé 35.000 autres handicapés pour toujours), lors d’un appel pour lever des fonds afin d’aider les écoles catholiques (mais il veut maintenant réduire le budget fédéral, ce qui aura un impact direct sur toutes les écoles publiques). Bref, John Boehner est un coeur sensible.
Mais à son poste, celui qui a expliqué à la journaliste du New York Times, Maureen Dowd, qu’il voulait retourner aux valeurs de l’Amérique des années 50, le futur Speaker de la Chambre aura des pouvoirs considérables. Par exemple, le Congrès a le pouvoir de “subpoena”, c’est à dire d’exiger la communication de documents détenus par le pouvoir exécutif, ou bien d’obliger des membres de l’administration, de venir témoigner devant lui. Déjà circulent dans les milieux conservateurs l’idée de demander la communication de documents de toutes sortes à la Maison Blanche et en particulier les pièces relatives à la naissance de Barack Obama. Comme l’a dit John Boehner, “pas de chasse aux sorcières, seulement des enquêtes légitimes”. La frontière entre les deux est plus mince que la retraite des vieux. Le leader de la Chambre veut également revenir sur la réforme de l’assurance santé en bloquant des crédits prévus dans le budget pour certaines provisions de la nouvelle loi. Mais l’objectif affiché de couper 100 milliards de dollars dans le budget fédéral dès la prochaine année fiscale pourrait bien être le boomerang qui assurera la réélection de Barack Obama en 2012, comme l’intransigeance de Newt Gingrich avait assuré la réélection de Bill Clinton après une défaite encore plus sévère lors des midterms. Alors, John Boehner n’aura plus que ses yeux pour pleurer.
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